image+nation : Des goûts et des couleurs
Du 15 au 25 novembre, image+nation, le festival international de cinéma LGBT, fête ses 20 ans avec audace et éclectisme. Petit guide de survie.
THE BUBBLE, D’EYTAN FOX
Alors qu’il est réserviste à un point de contrôle, un jeune Israélien (charmant Ohad Knoller) rencontre un Palestinien (touchant Youssef Sweid), avec qui il entame une relation passionnée. Cet étonnant drame de moeurs d’Eytan Fox (Yossi & Jagger), à la fois grave et léger, présente une vision diversifiée et inclusive d’Israël, ou du moins d’un groupe d’amis de Tel-Aviv où se côtoient Juifs et Arabes, hommes et femmes, homosexuels et hétérosexuels. Mais autour de leur petite bulle, les tensions et les violences demeurent… Film d’ouverture présenté le 15 nov. (K.L.)
LE HÉROS DE LA FAMILLE, DE THIERRY KLIFA
Après la mort d’un travesti (Claude Brasseur), propriétaire d’un cabaret niçois, le clan d’oiseaux de nuit qui s’y est formé au fil des ans tente difficilement de décider de l’avenir de l’établissement et de se retrouver à travers une histoire commune tissée de secrets et de mensonges. Thierry Klifa a réalisé un film choral parfois un peu mièvre, mais également truculent, empreint d’une certaine fantaisie et porté par une succulente brochette d’acteurs (Gérard Lanvin, Miou-Miou, Catherine Deneuve, Emmanuelle Béart, etc.). 17 nov. (K.L.)
ITTY BITTY TITTY COMMITTEE, DE JAMIE BABBIT
Dans ce nouveau film de la réalisatrice de But I’m a Cheerleader, une adolescente timide (adorable Melonie Diaz) tombe amoureuse d’une fougueuse blonde (charismatique Nicole Vicius) faisant partie de la C.I.A. (Clits in Action!), un groupe de lesbiennes féministes militantes. Jamie Babbit livre ici une comédie romantique drôle, sexy et franchement iconoclaste, qu’on pourrait décrire comme un croisement improbable entre Lost and Delirious et Fight Club. Rafraîchissant. 17 nov. (K.L.)
THE PICTURE OF DORIAN GRAY, DE DUNCAN ROY
Ce roman d’Oscar Wilde, où un viveur demeure jeune alors que son portrait prend les marques de sa débauche, a inspiré plus d’une quinzaine de réalisateurs, pour le meilleur (l’adaptation de 1945 d’Albert Lewin) et pour le pire (celle de 1998 avec la star du porno Rocco Siffredi). Dans le cas de Duncan Roy (AKA, Method), sa relecture gaie et contemporaine ne convainc qu’à moitié. Respectant les grandes lignes du roman, Roy signe une mise en scène maniérée où se succèdent intertitres redondants et effets de split screen "depalmesques". Dans le rôle-titre, David Gallagher est très joli mais peu crédible. 17 nov. (M.D.)
SUFFERING MAN’S CHARITY, D’ALAN CUMMING
En ayant marre d’entretenir un prostitué (David Boreanaz), Vandermark (Alan Cumming), un professeur de musique, décide de le confronter. Les choses dérapent rapidement, et Vandermark se retrouve à séquestrer et torturer son boy toy. Cumming, qui était déjà passé derrière la caméra pour The Anniversary Party, réalise ici un film d’horreur queer particulièrement tordu et tout aussi complaisant. En effet, tout le film semble n’être qu’une excuse pour que Cumming se laisse aller à une lassante performance de diva hystérique, qui plaira toutefois peut-être aux amateurs de "camp". 18 nov. (K.L.)
I DON’T WANT TO SLEEP ALONE (HEY YAN QUAN), DE TSAI MING-LIANG
Hsiao Kang (Lee Kang-Sheng, acteur fétiche du réalisateur), un itinérant battu par des voyous, est recueilli par un jeune homme (Norman Atun). Après s’être rétabli, Hsiao Kang se lie d’amitié avec Chyi (Chen Shiang-Chyi), une serveuse de café forcée de vivre avec sa patronne, dont elle prend soin du fils comateux. Dans ce film banni dans son pays natal, Tsai Ming-Liang propose une plongée hypnotique dans l’univers des immigrants en Malaisie à l’aide de longs plans fixes et larges, ainsi que de dialogues minimalistes. Le tout culmine en une finale poétique aux accents surréalistes. 18 nov. (M.D.)
BYRON CHIEF-MOON: GREY HORSE RIDER, DE MARLENE MALLER ET PHILIP SZPORER
Acteur, danseur et chorégraphe, membre des Premières Nations Pieds-Noirs et Kainai, Byron Chief-Moon est père de trois enfants et bispirituel, c’est-à-dire que selon les croyances autochtones, il est un être à deux esprits, l’un masculin, l’autre féminin. Fort de témoignages de sa famille et de ses collègues, Grey Horse Rider trace un portrait attachant d’un créateur alliant brillamment danses traditionnelle et contemporaine, dont la démarche artistique traduit éloquemment la dualité entre la nature et l’urbanité. 19 nov. (M.D.)
BUTTERFLY: A GRIMM LOVE STORY (ROHTENBURG), DE MARTIN WEISZ
Ce film aux images glauques du réalisateur de The Hills Have Eyes 2 relate un fait divers ayant secoué l’Allemagne. En 2002, Armin Meiwes (Thomas Kretschmann) est devenu sinistrement célèbre lorsqu’on découvrit qu’il avait assassiné puis mangé la chair de Bernd Jürgen Brandes (Thomas Huber), victime consentante recrutée sur Internet. Défendu en Allemagne, Butterfly suit les recherches d’une étudiante américaine (Keri Russell) obsédée par ce récit de cannibalisme consensuel. Les amateurs d’horreur resteront sur leur appétit, malgré quelques passages éprouvants, tandis que les friands d’histoires sordides en savoureront chaque longue seconde. 21 nov. (M.D.)