The Cemetery Club : Petits arrangements avec les morts
Cinéma

The Cemetery Club : Petits arrangements avec les morts

The Cemetery Club, de Tali Shemesh, nous présente les discussions hebdomadaires d’un groupe de vieux Israéliens.

Tous les samedis, des aînés de Jérusalem empoignent des chaises de parterre et un pique-nique et se rendent au mont Herzl pour y discuter, aux abords du mythique cimetière où reposent les dépouilles de présidents, soldats et autres pionniers du sionisme. La réalisatrice Tali Shemesh surnomme ce groupe "le club du cimetière", malgré les protestations de sa grand-tante Lena, qui tient à préciser que leurs rencontres se déroulent en fait dans une aire de récréation, pas directement entre les tombes.

On peut toutefois comprendre pourquoi la cinéaste a néanmoins intitulé son documentaire The Cemetery Club, car la mort est au centre des préoccupations des individus vers lesquels elle a pointé sa caméra. Leurs discussions portent sur toutes sortes de sujets, des évènements de l’actualité à la philosophie de Kant en passant par la poésie, mais, comme c’est généralement le cas avec les personnes d’un âge avancé, le passage du temps et leur propre mortalité sont devenus quelque chose de très concret, qui colore presque tous leurs propos. Consciemment ou pas, ils savent que n’importe lequel d’entre eux peut disparaître du jour au lendemain, allant se coucher un soir pour ne plus se réveiller. Certains étant justement décédés pendant le tournage, plusieurs scènes de funérailles ponctuent le film.

Qui plus est, les Juifs de plus de 60 ans comme ceux qu’on voit dans The Cemetery Club vivent avec le poids de la mort des millions de leurs congénères ayant péri durant l’Holocauste. Leurs discussions concernent souvent l’Histoire en général et la Deuxième Guerre mondiale en particulier, qui a affecté directement tant d’eux. Par exemple, Lena, la figure centrale du film, a connu Minya, la grand-mère de Shemesh, lorsqu’elles étaient enfants en Pologne, puis elles ont été séparées lors de l’instauration des ghettos, pour ne se retrouver qu’après la guerre.

Miraculeusement, The Cemetery Club n’est pas un film incessamment grave et déprimant, car envers et contre tout, les personnages qu’on y rencontre ont toujours beaucoup de caractère et de vivacité. Il est bien amusant de les voir s’emporter lors de leurs discussions, qui virent parfois littéralement en engueulades. Attentif mais discret, le documentaire de Shemesh est peut-être un peu décousu et inégal, mais demeure un bel hommage au vécu de ces gens.

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