Guide d’achats 2007 – Films
TOP 3 – SIMON-OLIVIER FECTEAU (BLUFF)
Death Proof
de Quentin Tarantino
États-Unis, 2007
Un long métrage qui imite les mauvais films de série B des années 1970, mais c’est vraiment trippant. Des dialogues incroyables! Sans l’ombre d’un doute, il va plaire aux amateurs de cinéma: c’est plein de gags et d’insides pour cinéphiles.
Zodiac
de David Fincher
États-Unis, 2007
Un film d’ambiance fort et intriguant. Du cinéma solide.
South Park saison 10
de Trey Parker et Matt Stone
États-Unis, 2006
Après 10 ans, ils ne s’essoufflent pas et réussissent encore à faire des émissions intelligentes et choquantes à la fois! J’adore.
TOP 3 – FANNY MALLETTE (CHEECH, CONTINENTAL, UN FILM SANS FUSIL)
Quand j’étais chanteur
de Xavier Giannoli
France, 2007
Ce film m’a fait redécouvrir Gérard Depardieu tel que je ne l’avais pas vu depuis des années. En plus, il y danse le continental! À ses côtés, Cécile de France est tout simplement parfaite.
Arrested Development saisons 1, 2 et 3
de Mitchell Hurwitz et al.
États-Unis, 2003-2006
J’ai les trois coffrets de cette comédie américaine qui met en scène une famille dysfonctionnelle et je ne me lasse pas de regarder les épisodes.
Conviction
de Bill Gallagher
Royaume-Uni, 2004
J’aime beaucoup ce que les Britanniques font au cinéma et à la télé, et cette minisérie policière m’a vraiment captivée.
QUÉBEC /
Congorama
de Philippe Falardeau
Canada / Belgique / France, 2006
Apprenant qu’il est un enfant adopté et que, en réalité, il est né au Québec, un inventeur belge (Olivier Gourmet) saisit le prétexte d’un voyage d’affaires pour tenter de retrouver sa famille biologique, de l’autre côté de l’Atlantique. Une rencontre, puis un accident de voiture alors qu’il est en compagnie de Louis (Paul Ahmarani), de même qu’une série de coïncidences bouleverseront la vie de ces deux hommes. Grand gagnant lors du dernier Gala des Jutra, le plus récent film de Philippe Falardeau explore de belle façon les implications d’une série de rencontres, de hasards et de parallèles entre deux personnages qui devaient tôt ou tard se croiser, par la force des choses. De facture très européenne, avec ses silences et son ton en demi-teintes, Congorama vient confirmer qu’il faudra suivre la carrière de son auteur. (J.-F. Dupont)
Les 3 p’tits cochons
de Patrick Huard
Canada, 2007
Alors que leur mère est dans le coma à l’hôpital, trois frères (Paul Doucet, Claude Legault et Guillaume Lemay-Thivierge) gèrent tant bien que mal (plutôt mal, en fait!) leur vie de couple et essaient de résister à la tentation d’aller voir ailleurs. Si les relations homme-femme et l’infidélité sont indéniablement au centre du récit, le véritable coeur du film est toutefois constitué par la relation entre les frères, qui s’exprime en grande partie à travers le jeu des trois acteurs principaux, d’une cohésion parfaite. La façon dont Patrick Huard met en images le récit est tout aussi remarquable et démontre un véritable sens du cinéma. Un premier film vivant, drôle et grinçant, qui alimentera sûrement beaucoup de discussions. (K. Laforest)
Nitro
d’Alain DesRochers
Canada, 2007
Pour sauver sa blonde, qui a besoin d’un nouveau coeur, Max renoue avec son passé de petit bum et part à la recherche d’un organe sur le marché noir. Voilà les prémisses de Nitro, second long métrage d’Alain DesRochers. La quête de Max, quoique noble, ne tient pas la route. Cependant, les efforts du réalisateur et de son scénariste, Benoit Guichard, pour donner un peu de substance à un genre qui fait le plus souvent dans le volatil méritent d’être soulignés. Le film propose nombre de cascades ébouriffantes – efficacement orchestrées, il faut bien le souligner. Quant à Guillaume Lemay-Thivierge, il a l’étoffe d’un jeune premier. S’il n’a pas toujours le ton juste, l’humoriste Martin Matte, dans un contre-emploi de vilain, anime chacune de ses scènes. Enfin, dans la peau de l’ex de Max, Lucie Laurier injecte à Nitro un supplément de sex-appeal féminin. (M. Defoy)
Un dimanche à Kigali
de Robert Favreau
Canada, 2006
En 1994, Bernard Valcourt (Luc Picard, excellent) est à Kigali pour réaliser un documentaire sur le sida. On lui suggère de s’intéresser plutôt à la haine qui mine le peuple rwandais. Il tombe amoureux de Gentille (Fatou N’Diaye, lumineuse), une jeune serveuse travaillant à l’Hôtel des mille collines. Leur amour est obscurci par une flambée de violence qui, bientôt, embrase tout le pays. Dans Un dimanche à Kigali, adapté du roman de Gil Courtemanche, Robert Favreau revient sur cette tragique tranche d’histoire avec empathie et lucidité. Se déclinant tantôt sous la forme d’un récit amoureux tragique, tantôt sous celle d’une leçon d’histoire douloureuse, Un dimanche à Kigali s’apparente également à un exercice cathartique. Puissant. (M. Defoy)
ÉTATS-UNIS /
The Departed
de Martin Scorsese
États-Unis, 2006
À Boston, deux nouvelles recrues de la police suivent des chemins diamétralement opposés: Billy Costigan Jr. (Leonardo DiCaprio) réussit à se lier à un caïd de la mafia irlandaise (Jack Nicholson), tandis que le sergent Colin Sullivan (Matt Damon) devient la taupe de ce même criminel dans les bureaux d’enquête de la ville. Et ce, sans qu’aucun des deux ne connaisse l’identité de l’autre. Remake très fidèle de l’excellent polar hongkongais Infernal Affairs, The Departed met en relation de façon très intelligente des protagonistes qui sont à la fois les deux facettes d’un même parcours et les faces sombre et lumineuse de deux mondes a priori opposés où tout n’est qu’illusion. Il s’avère fascinant de les voir évoluer. Une des meilleures oeuvres grand public de Martin Scorsese, construite de façon exemplaire, sans être tape-à-l’oeil. (J.-F. Dupont)
Babel
de Alejandro González Iñárritu
États-Unis / Mexique, 2006
L’accident dont est victime un couple de touristes américains (Brad Pitt et Cate Blanchett) au Maroc devient le point de départ d’une série de drames survenant dans divers pays: les enfants du couple se font trimballer au Mexique par leur nounou, de jeunes bergers marocains tirent à la carabine pour s’amuser et provoquent une catastrophe, et une jeune Japonaise troublée par un drame personnel s’enfonce dans le désespoir. Après Amores Perros et 21 Grams, Babel pourrait facilement être le dernier volet d’une trilogie d’Alejandro González Iñárritu sur le poids du destin et ses profondes implications. Fidèle à ses bonnes habitudes, le réalisateur mexicain fait preuve d’un réalisme confondant, qui fait surgir une tension palpable de ses personnages et des situations labyrinthiques où ils se trouvent plongés. Malgré ses défauts, Babel représente un tour de force à bien des points de vue. (J.-F. Dupont)
Borat: Cultural Learnings of America for Make Benefit Glorious Nation of Kazakhstan
de Larry Charles
États-Unis, 2006
Le reporter kazakh Borat Sagdiyev (Sacha Baron Cohen) est envoyé aux États-Unis pour y effectuer un documentaire sur les moeurs du pays et apprendre au contact de cette grande nation! Reprenant un personnage odieux de son Ali G Show, Cohen, qui a coécrit le scénario du film, en profite pour révéler le vrai visage d’une certaine Amérique. La façon dont il s’y prend est originale: au lieu de rire bêtement de ce pays, Cohen se sert de son personnage dépourvu de toute pudeur et plein de fausse naïveté pour tendre un miroir à la société, avec un résultat qui ne peut que provoquer le rire jaune des spectateurs. Cela donne une comédie et une satire sociale décapante, tordue, à l’extrême limite du mauvais goût. (J.-F. Dupont)
Casino Royale
de Martin Campbell
États-Unis / Royaume-Uni, 2006
À l’instar de la franchise Batman, la série James Bond fait peau neuve en nous ramenant aux débuts de son héros, avec l’adaptation du premier roman de Ian Fleming. Un exercice qui s’avère, lui aussi, concluant: en nous montrant d’où vient le personnage, en nous permettant d’assister à son apprentissage, donc à ses erreurs et à son évolution, on lui confère plus de profondeur tout en satisfaisant notre curiosité. Cela dit, l’agent 007 incarné par Daniel Craig, qui s’impose avec aplomb et charisme, se présente comme un vrai dur, blindé et implacable, ce qui sied bien à son métier de tueur. Un parti pris de réalisme qui teinte d’ailleurs l’ensemble du film, dont l’intrigue, intéressante et actuelle, garde cette fois des proportions raisonnables, au gré de scènes d’action plus athlétiques, avec des courses et des combats aussi inventifs que spectaculaires. (J. Ouellet)
Children of Men
D’Alfonso Cuarón
États-Unis / Grande-Bretagne, 2006
En 2027, alors que le monde est frappé par une infertilité générale, les habitants sont sidérés par la mort du plus jeune être humain de la planète. Dans une Angleterre totalitaire et chaotique, un homme bien ordinaire (Clive Owen) est alors entraîné par son ex (Julianne Moore) à escorter une jeune femme miraculeusement enceinte. Alfonso Cuarón y va d’un véritable coup de maître avec cette adaptation d’un roman d’anticipation de P.D. James. En dépeignant avec force et justesse, et une minutie époustouflante, un monde en proie à la peur, à la terreur et à une extrême confusion, Cuarón réussit à imposer un sujet grave tout en demeurant à la limite de la science-fiction, tant il sait rester terre à terre avec son sujet et ses personnages. (J.-F. Dupont)
Death Proof
de Quentin Tarantino
États-Unis, 2007
Un cascadeur psychopathe (Kurt Russell) s’en prend à de jeunes femmes, au volant de son bolide, avant de rencontrer trois amies qui décident de répliquer et de lui régler son compte. Présenté en salle en programme double avec Planet Terror, de Robert Rodriguez, Death Proof, qui constitue la contribution de Quentin Tarantino à Grindhouse, paraît cette fois en solo, allongé d’une bonne vingtaine de minutes. Visiblement, le réalisateur ne fera jamais de films entièrement originaux: il continue ici de rendre hommage au cinéma de série Z. Cependant, il le fait avec une telle dévotion et une telle sincérité que Death Proof, pris pour ce qu’il est, demeure une excellente série de numéros d’acteurs – ou plutôt d’actrices, une autre des fixations de Tarantino. En plus, il comporte une scène de poursuite digne d’une anthologie, qui met aux prises deux véritables bombes motorisées! (J.-F. Dupont)
Little Children
de Todd Field
États-Unis, 2006
Tandis qu’un exhibitionniste (Jackie Earle Haley) fraîchement sorti de prison sème l’émoi dans une banlieue peuplée de jeunes familles et subit le harcèlement d’un ex-policier (Noah Emmerich), une mère plutôt blasée (Kate Winslet) fait la connaissance d’un séduisant père à la maison (Patrick Wilson), avec qui elle entame une liaison. Adaptation du roman de Tom Perrotta, Little Children effleure ou suit de près divers personnages qui, avec leurs faiblesses, leur quête égoïste de plaisir, leurs tentatives pour fuir l’ennui et les responsabilités ainsi que leurs jugements intransigeants, peuvent être vus, en raison non seulement du titre mais aussi du ton de l’ensemble, comme des enfants en plein apprentissage de la vie. Todd Field nous offre un récit initiatique pour adultes riche et juste, dont ressort une émotion profondément humaniste. (J. Ouellet)
Dreamgirls
de Bill Condon
États-Unis, 2006
Alors qu’elles auditionnent pour un concours, les Dreamettes (Jennifer Hudson, Beyoncé Knowles et Anika Noni) se font remarquer et embaucher par le gérant Curtis Taylor (Jamie Foxx), qui les engage pour seconder le chanteur James Early (Eddie Murphy). Pourtant, même si elles accumulent les succès, chacune voit ses rêves rattrapés par la dure réalité. Adaptation d’une comédie musicale de Broadway, Dreamgirls est aussi une transposition à peine voilée de l’histoire des Supremes, groupe phare du Motown dans les années 1960 et 1970. Bourré du début à la fin de numéros musicaux énergiques et bénéficiant d’une distribution tout aussi gonflée, Dreamgirls souffre en revanche d’une réalisation un peu figée qui ne réussit pas à en faire autre chose qu’un divertissement intéressant, sans plus. Heureusement, la performance des acteurs et des actrices vaut le coup d’oeil. (J.-F. Dupont)
Spider-Man 3
États-Unis, 2007
Troisième opus de la série, où tout semble aller pour le mieux dans la vie de superhéros de Peter Parker (Tobey Maguire). En fait, Parker en vient à s’éloigner de Mary Jane (Kirsten Dunst), d’abord parce qu’il doit combattre Sandman et Venom, mais aussi à cause d’une étrange substance noire parasite venue de l’espace et affectant sa personnalité. Sans doute pour éviter les redites et ajouter un petit quelque chose à l’histoire connue, la trame de Spider-Man 3 a pris une ampleur telle qu’elle ne peut éviter ici les boursouflures. Après le passage à l’âge adulte auquel on a pu assister dans le tome 2, Spider-Man 3 porte sur les choix que doivent faire les personnages. Malheureusement, les auteurs, eux, n’ont pas voulu choisir et en ont donné un peu trop au lieu d’exploiter les aspects les plus intéressants du récit. (J.-F. Dupont)
Hairspray
D’Adam Shankman
États-Unis, 2007
Hairspray revisite la comédie musicale à succès de Broadway, laquelle s’inspirait du film-culte de John Waters. John Travolta y reprend le rôle créé par Divine, celui d’Edna Turnblad, ménagère obèse et complexée. Une fois l’effet de surprise passé, Travolta se révèle, sous l’épais maquillage de latex et sous un costume d’une trentaine de livres, une Edna touchante dans les scènes de la vie quotidienne et plus qu’agile sur une piste de danse. Quant à la fougueuse Nikki Blonsky, elle s’avère une digne dauphine de celui qui nous donna la fièvre du samedi soir. Fort de numéros musicaux entraînants, d’airs mémorables – que l’on chante à tue-tête en sortant du cinéma – et de costumes colorés, le film d’Adam Shankman ravira davantage les vrais amateurs de comédies musicales que les fans de Waters. (M. Dumais)
Harry Potter and the Order of the Phoenix
de David Yates
États-Unis / Royaume-Uni, 2007
Dans ce cinquième volet de la célébrissime série inspirée des romans de J.K. Rowling, Harry (Daniel Radcliffe) convainc ses camarades, dont les fidèles Hermione et Ron (Emma Watson et Rupert Grint), de former avec lui l’Armée de Dumbledore (Michael Gambon), en réponse à l’Ordre du Phénix, organisme secret dont fait partie Sirius Black (Gary Oldman) et qui a pour but de contrer Celui que l’on ne peut nommer (Ralph Fiennes). De l’horrible attaque des Dementors jusqu’au haletant combat final, les lassantes et répétitives réunions des jeunes sorciers rebelles s’enchaînent en une plate mécanique. Heureusement, dans cet univers de plus en plus macabre brille Imelda Staunton, tout de rose Kennedy vêtue, qui s’amuse à coeur joie dans le rôle de Dolores Umbridge. Une prestation magique qui justifie à elle seule le coût du DVD. (M. Dumais)
The Simpsons Movie
de David Silverman
États-Unis, 2007
Les premières secondes donnent le ton au reste du film. Le clan Simpson est au cinéma pour voir le film d’Itchy & Scratchy. Au bout d’un moment, Homer se lève, furieux: "C’est assez! Pourquoi je payerais pour voir un dessin animé que je peux regarder gratuitement à la télévision?" Et vlan! Voilà de l’autodérision à la sauce Simpson. Un gag qui ramène à leurs justes proportions les attentes de ceux qui pensaient trouver dans The Simpsons Movie autre chose que ce qu’ils peuvent voir à la télé gratuitement, tous les jours, depuis des années… En effet, à part des différences d’envergure, ce blockbuster planétaire est un long épisode des Simpson… Les fans de la famille la plus jaune d’Amérique retrouveront leurs pantoufles. L’humour "made in Springfield", les gags à la mitrailleuse, la satire sociale au chalumeau: tout est là. Sans grandes surprises. (S. Proulx)
INTERNATIONAL /
Le labyrinthe de Pan
de Guillermo del Toro
Espagne / Mexique, 2006
Durant la guerre civile espagnole, dans les années 1940, la jeune Ofelia (Ivana Baquero) et sa mère vont rejoindre le mari de cette dernière, un capitaine de l’armée franquiste (Sergi López), dans un coin isolé fourmillant de rebelles. Ofelia entre alors en contact avec le faune Pan, qui lui fera subir trois épreuves afin qu’elle lui prouve qu’elle est vraiment celle qu’il croit. Un peu comme il l’avait fait précédemment avec son fantastique L’échine du Diable, où régnaient le même contexte et la même ambiance, del Toro met en opposition la dure et cruelle réalité, telle que vécue par un enfant perdu dans des conflits d’adultes, et l’espoir d’un monde meilleur, magique et irréel, mais tout de même atteignable pour celui qui se donne la peine d’y croire. Autant par son illustration de l’horreur de la guerre que par sa mise en scène d’un univers fantastique, del Toro réussit un vrai coup de maître, impeccable de bout en bout. (J.-F. Dupont)
Indigènes
de Rachid Bouchareb
France / Algérie, 2006
En 1943, alors que la France recrute activement dans ses colonies d’Afrique du Nord afin d’envoyer plus de troupes libérer son territoire, les chemins de quatre soldats aux visions différentes se croisent, du plus naïf (Jamel Debbouze) à celui qui rêve de s’établir en France (Roschdy Zem), en passant par un caporal (Sami Bouajila) révolté par le traitement que subissent les "indigènes" aux mains de l’armée. Sur un canevas qui peut rappeler les récents films d’Eastwood portant sur cette période, le réalisateur Rachid Bouchareb dévoile de façon humaniste et réaliste le sort très méconnu réservé aux soldats maghrébins durant la Seconde Guerre mondiale. Bouchareb démontre d’une manière souvent sombre, mais intimiste et jamais embellie, les diverses facettes de ceux qui combattaient pour la "métropole", mais qui étaient plus souvent qu’autrement considérés comme de la simple chair à canon. (J.-F. Dupont)
The Queen
de Stephen Frears
Royaume-Uni / France, 2006
On connaissait déjà l’impact public phénoménal de la mort de Lady Di. Voilà maintenant une approximation bien documentée de la manière dont le drame a été vécu au sein de la famille royale, plus particulièrement par la reine Elizabeth II (Helen Mirren), de même que dans les hautes sphères du pouvoir, alors que Tony Blair (Michael Sheen) faisait ses débuts en tant que premier ministre. Stephen Frears nous offre ici un docudrame fort intéressant, qui met en lumière les mécanismes des divers jeux de coulisses et luttes de pouvoir en cause, et qui arrive à nous faire voir les choses du point de vue de la monarque, personnage austère qu’on en vient à comprendre et même à affectionner à mesure que se révèle son humanité. Un résultat auquel la solide prestation de Mirren (récipiendaire de l’Oscar pour ce rôle) n’est évidemment pas étrangère. (J. Ouellet)
Fauteuils d’orchestre
de Danièle Thompson
France, 2006
Fraîchement débarquée à Paris, Jessica (Cécile de France) trouve un petit boulot dans un café où gravitent un pianiste de concert prêt à décrocher (Albert Dupontel), une actrice en manque de rôles sérieux (Valérie Lemercier) et un vieux collectionneur d’art qui est en train de vendre tout ce qu’il possède (Claude Brasseur). Travaillant avant tout comme scénariste en temps normal, Danièle Thompson a confectionné avec Fauteuils d’orchestre une comédie douce-amère où les personnages, plus que l’histoire, sont privilégiés. Sur ce plan, la réalisatrice s’est particulièrement bien débrouillée, réussissant à accorder autant d’importance et de profondeur à chacun de ses quatre personnages. Sans avoir la prétention d’être un grand film, Fauteuils d’orchestre réussit quand même à décrire simplement l’insatisfaction chronique qui peut frapper n’importe qui, tout en rendant un hommage sympathique à un cinéma très classique. (J.-F. Dupont)
Molière
de Laurent Tirard
France, 2007
Nul ne sait ce qu’il est advenu de Jean-Baptiste Poquelin (Romain Duris) pendant plusieurs mois de sa vie; un trou noir dont les scénaristes se sont servis pour imaginer les origines de son inspiration, soit une histoire entremêlant des caractéristiques de personnages, des intrigues et même des répliques tirées de son oeuvre. Ce principe, intéressant sans être nouveau, est appliqué ici avec ingéniosité, à travers un puzzle fascinant, drôle et poignant qui s’inscrit dans l’esprit des comédies du maître par son contenu comme par son langage soutenu et son humour. Celui-ci, tantôt de moeurs ou de caractère – il est alors servi par le jeu savoureux des acteurs -, tantôt de situation – appuyé dans ce cas sur des mensonges et des manigances -, peut aussi reposer simplement sur un bon sens de la répartie. Et, malgré cela, l’aspect dramatique du personnage et de la romance qui scellera son destin n’est pas négligé. (J. Ouellet)
The Lives of Others
de Florian Henckel von Donnersmarck
Allemagne, 2006
1984, Berlin-Est. Un officier modèle de la Stasi (Ulrich Mühe) surveille un dramaturge apparemment au-dessus de tout soupçon (Sebastian Koch), dont le seul tort est en fait de se dresser sur le chemin d’un ministre qui convoite sa petite amie (Martina Gedeck). S’il est vrai que ce film bien documenté s’avère fort intéressant sur le plan historique parce qu’il rend bien compte de la situation politique, avec ses jeux de coulisses et leurs implications, il a l’avantage de le faire en nous présentant une histoire d’amour, d’abus de pouvoir et de révolte captivante, mettant en scène des personnages auxquels on s’identifie au gré d’un bon suspense. Cela dit, l’oeuvre n’aurait sans doute pas été aussi remarquable sans la profonde résonance humaine que lui confère la lente évolution de son antihéros. (J. Ouellet)
The Wind that Shakes the Barley
de Ken Loach
Irlande / Royaume-Uni, 2006
En 1920, le jeune médecin Damien O’Donovan (Cillian Murphy) se prépare à partir pour Londres lorsqu’il est témoin des violences des troupes anglaises envers la population irlandaise. Il s’engage alors aux côtés de son frère dans une rébellion armée qui a pour but d’affranchir le pays de la domination de la Couronne. C’est finalement grâce à ce film sur la révolution irlandaise que le vétéran Ken Loach s’est vu attribuer la Palme d’or à Cannes, après de nombreuses nominations pour ce prix au fil des ans. Cinéaste socialement engagé, Loach n’hésite pas à adopter le point de vue des insurgés pour démontrer comment et pourquoi une telle flambée de violence a pu naître si près du coeur même de l’Empire. (J.-F. Dupont)
La vie en rose
de Olivier Dahan
France, 2007
Intense, passionnée, entière, Piaf a vécu en brûlant la chandelle par les deux bouts. Usée prématurément, elle s’est éteinte à l’âge où d’autres commencent à fleurir. Cette vie formidable, Olivier Dahan en a tiré un film biographique de belle facture. La caméra se déplace parfois avec une fièvre reflétant le caractère de la diva. Les lieux recréés sont dotés d’une âme qui leur est propre. La palette chromatique déployée éblouit les mirettes. On sera aussi agréablement surpris par le scénario, écrit par Dahan; la matière était là, il s’agissait d’en extraire un récit à la hauteur du personnage. Enfin, c’est le travail d’interprétation de Marion Cotillard qui émeut. Le rôle est épousé brillamment, avec un abandon, une rigueur, une émotion superbes. (M. Defoy)