L'Âge des ténèbres : L'heure de gloire
Cinéma

L’Âge des ténèbres : L’heure de gloire

L’Âge des ténèbres, de Denys Arcand, raconte les tribulations d’un fonctionnaire qui fuit son médiocre quotidien en rêvant de célébrité.

Si la critique n’a pas épargné L’Âge des ténèbres, Marc Labrèche s’en est tiré indemne. Et pour cause. Laissant de côté sa flamboyance, l’acteur s’avère bouleversant dans les moments déchirants qu’il partage avec Françoise Gratton, solide et convaincant lors des scènes où, impuissant, il écoute les plaintes des contribuables, et d’une discrète efficacité lorsque le film dérape vers le registre comique.

Hélas, bien que Labrèche tienne à bout de bras l’Arcand nouveau, ce dernier volet, se voulant de loin le plus drôle mais le plus noir de la trilogie aux titres pompeux qu’affectionne le réalisateur, n’arrive pas à décoller.

En fait, le problème avec L’Âge des ténèbres, c’est le trop grand décalage entre la part onirique – peut-on vraiment parler d’onirisme devant ces scènes s’apparentant parfois à des fantasmes de midinettes se gavant de romans Harlequin ou à ceux de vieux machos? – et la part réaliste qui devaient se faire écho, se compléter.

Or, le burlesque pataud des scènes fantasmées, les sketchs d’humour, devrions-nous dire, nuit à l’humour corrosif des scènes illustrant le quotidien de Jean-Marc où l’on sent le regard pénétrant et allumé du sociologue et historien qu’est Arcand, que l’on soit d’accord ou non avec sa vision pessimiste et alarmiste d’une société en pleine désintégration.

Et que dire de cette séquence raccourcie où le héros est convié par une jolie dame (Macha Grenon) à un week-end médiéval? Aussi assommante et fastidieuse qu’en version intégrale! Au moins se révèle-t-elle plus utile au récit que le navrant passage chez Ardisson dans le décor de Lepage…

En résulte un film qui ne convainc finalement qu’à moitié et dont l’apparition de personnages récurrents, le prof d’histoire du Déclin de l’empire américain (Pierre Curzi) et le prêtre de Jésus de Montréal (Gilles Pelletier), nous ravit tout autant qu’elle nous rappelle cruellement que L’Âge des ténèbres s’inscrit comme une oeuvre mineure dans la filmographie admirable d’Arcand.

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