Robert Morin : Les copains d'abord
Cinéma

Robert Morin : Les copains d’abord

La Coop Vidéo de Montréal, cofondée par Robert Morin en 1977, fête ses 30 ans en grand ce week-end.

Au cours de ses trois décennies d’existence, la Coop Vidéo de Montréal a compté parmi ses membres nombre de cinéastes de renom: Louis Bélanger (Gaz Bar Blues), Catherine Martin (Dans les villes), Bernard Émond (Le Temps et le Lieu), André-Line Beauparlant (Panache), Denis Chouinard (Délivrez-moi)… Un des noms qui demeure associé le plus étroitement à la Coop est celui de Robert Morin qui, de Même mort, il faut s’organiser à Que Dieu bénisse l’Amérique, en passant par Requiem pour un beau sans-coeur et Le Nèg’, y a tourné une foule d’oeuvres marquantes.

Fondée en 1977, la Coop est un centre de production regroupant réalisateurs, scénaristes et artisans. Son mandat: donner aux créateurs les ressources pour faire des films sans les contraintes qui viennent généralement de pair, mais aussi créer un climat d’entraide, peut-être plus par nécessité que par choix. "Au début, on n’avait pas une cenne, ça fait que tout le monde faisait tout pour tout le monde, se rappelle Morin, rencontré dans les bureaux de la Coop Vidéo. J’ai fait la caméra ou du montage pour d’autres, puis d’autres en ont fait pour moi. La Coop, c’est ça. Tu sais tout le temps que le jour où t’as besoin d’un coup de main, tu sonnes une cloche puis il y a quelqu’un qui va t’aider. C’est les copains d’abord."

Comme son nom le suggère, la Coop Vidéo a aussi la particularité de favoriser la création en vidéo, ce qui était loin d’être courant il y a 30 ans: "En 1977, explique Morin, quand t’allais dans un meeting de cinéastes et que tu disais que tu faisais de la vidéo, tu faisais rire de toi, tu te faisais traiter de ti-clin! À cette époque, c’était impensable de diffuser de la vidéo dans des salles. On se disait que le diffuseur logique de ce bidule-là, c’était la télé. C’était dans le temps des Tannants, alors on avait espoir qu’on pouvait proposer des choses plus artistiques. Mais finalement, je pense que la première chose qu’on a vendue à la télé, c’était 10 ans après avoir fondé la Coop!"

ÉVOLUTION

Au fil des ans, la Coop Vidéo a bien changé. Entre le petit collectif marginal des débuts qui tournait des courts métrages à petit budget et ce qui est maintenant une véritable maison de production, il y a tout un monde. "On s’enligne pour des vues un peu plus grosses, confirme Morin, ce qui n’est pas un mal. Il y a quand même moyen de tirer son épingle du jeu dans la grosse production. Il y a toujours la possibilité de faire des petits vidéos, moi j’en fais encore, mais majoritairement, on a des projets de longs métrages, avec des millions."

Un changement de garde a aussi eu lieu à la Coop, où sont toujours actifs seulement quatre des membres fondateurs (Jean-Pierre St-Louis, Lorraine Dufour, Marcel Chouinard et Morin). Une deuxième génération est venue renforcer les rangs (Bélanger, Chouinard, etc.), et une troisième pourrait se manifester bientôt. "Mais la Coop Vidéo, précise Morin, tu rentres pas là-dedans comme dans une coop d’habitation, c’est pas en postulant. C’est les membres qui vont voir quelqu’un puis qui disent: "On aime ce que tu fais, puis on aimerait ça que tu fasses un film chez nous." C’est comme ça que Louis Bélanger est rentré ici, par exemple."

Avant tout, la Coop Vidéo demeure un lieu de fraternité, un club de Chevaliers de Colomb, en quelque sorte. L’image fait rigoler Morin, mais il ne la rejette pas entièrement: "Quand on rentre ici, on rentre chez nous. On va se chercher une bière, on s’assoit puis on parle, on niaise. Le cinéma, c’est pas la seule chose qui nous tient ensemble. Je me vois à un moment donné tirer ma révérence du cinéma, mais je vais toujours revenir ici pour voir la gang et niaiser."

www.coopvideo.ca

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30 ANS, YES SIR! MADAME

À l’occasion de son 30e anniversaire, les membres de la Coop Vidéo se sont organisé tout un week-end de célébration. Les 8 et 9 décembre, une vingtaine de leurs films les plus mémorables seront présentés au Cinéma Beaubien dans le cadre d’une projection-marathon de 30 heures. "On va coucher là toute la gang!" s’exclame Morin, qui sera sur place mais qui n’a pas l’intention de revoir ses films. "Je vais aller les présenter, puis je vais aller prendre une bière à côté… Moi, j’ai pas intérêt à regarder mes vieilles affaires, je trouve ça déprimant." Puis le 9 au soir, la fête se poursuivra avec un spectacle de cabaret au Lion d’Or. "Il y a des acteurs avec qui on a travaillé qui vont faire leurs niaiseries, il y en a qui vont jouer des extraits de nos films sur scène, il y a d’autre monde qui vont chanter… On va s’éclater, tabarnac!"