Si l’on déplore souvent la durée excessive de certains films qui s’étirent en longueurs inutiles, il est beaucoup moins courant qu’on accuse un film d’être, au contraire, trop court. La Boussole d’or (The Golden Compass) fait tout de même 114 minutes mais, considérant la multitude de lieux et de personnages impliqués dans cette adaptation du premier tome de la trilogie His Dark Materials, de Philip Pullman, trois heures n’auraient pas été de trop pour rendre honneur à tous les éléments de ce récit archi touffu.

The Golden Compass se déroule dans un monde fantastique où tous les êtres humains sont accompagnés d’un daemon, la matérialisation sous forme animale de leur âme. Lyra (Dakota Blue Richards), une écolière teigneuse de 12 ans, se retrouve au centre d’une grande aventure qui la mènera jusqu’au pôle Nord, où des enfants kidnappés et leurs daemons sont soumis à de mystérieuses expérimentations, sous la supervision de l’impitoyable Madame Coulter (Nicole Kidman, à la fois séduisante et glaciale). En chemin, Lyra fera notamment la rencontre d’une jolie sorcière (Eva Green), d’un cowboy aéronaute (le toujours amusant Sam Elliott) et d’un vénérable ours polaire guerrier (la voix imposante de Ian McKellen) ayant été poussé à l’exil et à l’alcoolisme!

À ceci s’ajoute l’aléthiomètre, cette fameuse boussole dorée permettant de révéler la vérité et l’avenir, que Lyra désire amener à son oncle (Daniel Craig), un scientifique dont les trouvailles remettent en question les croyances imposées à l’humanité par le Magisterium.

Certains accusent le livre et le film d’être antireligieux, mais bien qu’on puisse établir un parallèle entre le Magisterium et l’Église catholique, qui a historiquement tenté de maintenir les populations dans l’ignorance pour mieux les contrôler, ceci peut aussi être interprété comme une critique du fascisme et du dogmatisme en général. Bref, au-delà des animaux parlants, on retrouve dans The Golden Compass un sous-texte subversif et fort intéressant.

Le film de Chris Weitz, qui démontre un sens de l’épique et du merveilleux qu’on ne soupçonnait pas du réalisateur d’American Pie et d’About a Boy, est très réussi visuellement, faisant bon usage des dernières technologies en matière d’effets spéciaux et créant un univers rétro-futuriste fascinant. Le seul point négatif, vraiment, est cette volonté de trop inclure d’éléments sans prendre le temps de les développer. Peut-être que les deux suites prévues corrigeront cet aspect, maintenant que toutes les introductions sont faites.

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