Control : Dérapage
Cinéma

Control : Dérapage

Control, d’Anton Corbijn, raconte la brève mais marquante vie d’Ian Curtis, figure iconique du groupe Joy Division.

Photographe et réalisateur de clips réputé, Anton Corbijn s’attaque à son premier long métrage. Comme sujet, l’homme en a choisi un qu’il connaît bien. C’est par amour pour la musique de Joy Division que Corbijn a quitté sa Hollande natale pour aller s’établir en Grande-Bretagne, à la fin des années 70. Fervent admirateur, il a bien connu les musiciens, qui ont déjà posé pour lui. Il porte aujourd’hui au grand écran l’histoire du chanteur du groupe, Ian Curtis.

Originaire d’une famille modeste de Macclesfield, près de Manchester, Curtis quitte un boulot de fonctionnaire pour vivre de la musique. Le groupe auquel il s’est joint, devenu Joy Division, s’illustre sur la scène européenne à la fin des années 70. Curtis, chanteur doté d’une présence fascinante, fait de chaque spectacle un happening. Souffrant d’épilepsie, il lui arrive de perdre le contrôle sur scène.

À la ville, la vie personnelle du musicien est également instable. Marié tout jeune à Deborah et père d’une fillette, il entretient une relation avec une fan belge rencontrée en tournée. Partagé entre ses deux amours et pressé par les exigences du métier, Curtis a de plus en plus de mal à composer avec son quotidien.

Mettant à profit son expérience personnelle, Corbijn peint un portrait arrimé au réel et revendiquant un caractère documentaire non négligeable. Avec la distance, le regard que pose le réalisateur se fait plus objectif qu’admiratif. Plutôt que de "spectaculariser" l’histoire, il s’en tient aux faits – tels que rapportés dans l’autobiographie de madame Curtis, Touching from a Distance.

La vie du musicien, faite de drames ordinaires, n’a pas le flamboyant des grands mythes rock. Elle participe plutôt de la tragédie intimiste. C’est cette réalité que Corbijn, avec grand soin, s’emploie à dépeindre. Dommage que le récit soit développé de façon aussi linéaire.

En bon visuel, Corbijn s’est appliqué, avec le directeur photo Martin Ruhe, à créer des images d’une grande éloquence. Le noir et blanc rend admirablement le caractère glauque du paysage industriel anglais.

Le cinéaste a également eu la main heureuse en assemblant sa distribution: Sam Riley campe un Ian Curtis plus vrai que nature, allant jusqu’à interpréter la musique de Joy Division de manière convaincante. Les fans apprécieront.

En salle le 4 janvier
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