L'Orphelinat / El Orfanato – Critique : L'enfant des ténèbres
Cinéma

L’Orphelinat / El Orfanato – Critique : L’enfant des ténèbres

L’Orphelinat (El Orfanato) est le premier long métrage d’un réalisateur espagnol à surveiller de près: Juan Antonio Bayona.

Produit par le cinéaste mexicain Guillermo Del Toro, à qui l’on doit les superbes films d’épouvante L’Échine du diable et Le Labyrinthe de Pan (El Espinazo del diablo, El Laberinto del fauno), L’Orphelinat (El Orfanato), de Juan Antonio Bayona, nous transporte dans un décor propre aux films de fantômes, soit une splendide vieille demeure aux planchers qui craquent, aux portes qui grincent et aux armoires qui regorgent de mystérieux secrets.

Ayant grandi dans cet ancien orphelinat sis au bord de la mer, Laura (magnifique Belén Rueda) se propose de le restaurer afin d’en faire un foyer pour enfants handicapés. Dès lors, Simón (Roger Príncep), son fils adoptif de sept ans, se retrouve à jouer avec de nombreux amis imaginaires, ce qui finit par provoquer une querelle avec sa mère, puis la disparition du gamin.

Surviennent alors d’étranges phénomènes qui pousseront Laura, au grand dam de son mari (Fernando Cayas), à recourir aux services d’une spiritiste (Geraldine Chaplin, à la fois rassurante et inquiétante dans une brève mais importante apparition) afin de retrouver Simón… peu importe le prix à payer.

Avec sa beauté plastique, son atmosphère tour à tour feutrée et tendue ainsi que son illustration du pouvoir imaginaire des enfants tourmentés, El Orfanato possède des qualités formelles et narratives qui le rapprochent de The Others d’Alejandro Amenabar et de l’univers de Del Toro.

À l’instar de ses cousins espagnol et mexicains, El Orfanato va bien au-delà de l’histoire de fantômes solidement ficelée, laquelle repose non pas sur une pléthore d’effets chocs convenus à l’américaine, mais sur une riche création d’atmosphère où le moindre son banal ou toute parcelle d’ombre provoquent l’effroi tout aussi bien chez les personnages que chez les spectateurs.

De fait, El Orfanato est avant tout le récit bouleversant d’une mère endeuillée qui doit se réconcilier avec les blessures de son enfance afin d’assurer la paix de son âme. Évoquant l’univers de Henry James (Le Tour d’écrou) de même que celui de Peter Pan (sans blague!), ce premier long métrage du réalisateur de 32 ans s’avère un puissant mélodrame doublé d’un sensible portrait de femme mâtiné de fantastique qui fera à coup sûr fondre le coeur de plusieurs.

À voir si vous aimez /
The Others d’Alejandro Amenabar, El Espinazo del diablo et El Laberinto del fauno de Guillermo del Toro