Persepolis : Exils
Cinéma

Persepolis : Exils

Persepolis, de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, raconte les tribulations d’une jeune Iranienne rebelle.

Précédé d’une rumeur plus que favorable, le film ayant remporté le prix du Jury à Cannes (ex æquo avec Lumières silencieuses de Carlos Reygadas), Persepolis, premier long métrage d’animation des bédéistes Marjane Satrapi et Vincent "Winschluss" Paronnaud, gagne enfin (!) nos écrans.

Comment ce dessin animé en noir et blanc 2D dessiné à la main a-t-il bien pu faire craquer le jury cannois? Vous me direz que le remarquable trio vocal que forment Chiara Mastroianni, dans le rôle de l’héroïne et narratrice, sa mère Catherine Deneuve et sa grand-mère de cinéma Danielle Darrieux (celle-ci jouant pour la cinquième fois la mère de Deneuve) y est pour beaucoup dans cette irrésistible adaptation des quatre tomes de la bédé autobiographique de Satrapi, mais il y a plus encore…

D’un graphisme d’une grande simplicité, mais néanmoins très expressif et d’une belle fluidité, Persepolis raconte avec un savant mélange de gravité et de légèreté les tribulations de Marji, jeune Iranienne rebelle, dans un Téhéran qui sera notamment le théâtre de la révolution islamique et de la guerre contre l’Irak, qui vivra sa crise d’adolescence non moins mouvementée à Vienne avant de retourner au bercail.

Captivant de la première à la dernière image, ce film d’animation saura plaire aux cinéphiles peu friands de bédé puisqu’en s’inspirant de l’expressionnisme allemand et du néoréalisme italien, les réalisateurs ont créé un univers unique où la poésie, l’émotion et l’humour servent parfaitement ce récit tour à tour instructif, ludique et prenant.

On versera une larme pour l’oncle résistant que Marji ira voir une dernière fois en prison; on se prendra d’affection pour cette délicieuse grand-mère insolente fleurant bon le jasmin (Darrieux) et pour cette mère émancipée mais angoissée (Deneuve); on rira aux éclats en entendant notre attachante héroïne fausser joyeusement Eye of the Tiger et on l’applaudira lorsqu’elle osera prendre position devant les gardiens de la morale. Et plus que tout, on sortira de la projection heureux d’avoir découvert sous un nouveau jour, grâce au regard critique et allumé de Satrapi, un pays ayant croulé trop longtemps sous les clichés véhiculés par l’oeil occidental.

À voir si vous aimez /
Persepolis, bédé de Marjane Satrapi, l’expressionnisme allemand, le néoréalisme italien