Youth Without Youth : Repartir à zéro
Cinéma

Youth Without Youth : Repartir à zéro

Youth Without Youth, la première réalisation de Francis Ford Coppola en 10 ans, n’est malheureusement pas un retour en force pour le vétéran cinéaste.

Alors que ses contemporains sont au sommet de leur forme, Martin Scorsese ayant remporté son premier Oscar pour The Departed et Steven Spielberg et George Lucas mettant la touche finale au nouveau Indiana Jones, les années de gloire de Francis Ford Coppola semblent bien loin. En effet, celui dont la dernière réalisation, The Rainmaker, remontait à 1997 nous revient ces jours-ci avec un film qu’il dit particulièrement personnel, mais qui nous apparaît surtout comme étant profondément confus et assommant.

Adaptation d’une nouvelle de Mircea Eliade, Youth Without Youth nous transporte à Bucarest juste avant le début de la Seconde Guerre mondiale, alors que Dominic Matei (Tim Roth), professeur septuagénaire, retrouve miraculeusement sa jeunesse après avoir été frappé par la foudre. Ce phénomène inexplicable confond son médecin (Bruno Ganz) et attire rapidement l’attention d’un savant nazi (André Hennicke) et d’un représentant des services secrets américains (Matt Damon), qui désirent l’exploiter à leur avantage…

Si le bref résumé ci-dessus donne l’impression que le dernier film de Coppola est cohérent, c’est que nous n’avons pas encore mentionné les pouvoirs surnaturels qu’acquiert Matei, les conversations qu’il entretient avec son doppelgänger, la mystérieuse jeune femme (Alexandra Maria Lara) qui est apparemment la réincarnation de la défunte épouse de Matei, en plus d’être possédée par une figure mystique indienne…

Youth Without Youth est indéniablement ambitieux et avance quelques idées intéressantes sur la nature du temps et de la mémoire, mais le scénario est éparpillé, tour à tour didactique et obtus, et dénué d’élan dramatique. Le film est à son meilleur quand il embrasse le caractère mélodramatique et absurde du récit, qui s’apparente souvent à un feuilleton de série B. Or, Coppola se prend généralement beaucoup trop au sérieux et on décroche à répétition de cette histoire pseudo-surréaliste.

En fait, si le film était l’oeuvre d’un cinéaste de moindre envergure, on aurait eu tôt fait de l’écarter, le considérant comme du mauvais David Lynch. Mais le respect et l’admiration qu’on éprouve toujours pour le réalisateur de chefs-d’oeuvre tels qu’Apocalypse Now et The Godfather font qu’on s’efforce inlassablement de relever les quelques qualités de mise en scène de la chose. Tous ces efforts ne changent hélas rien au fait que Youth Without Youth est un ratage spectaculaire.

À voir si vous aimez /
Brand Upon the Brain de Guy Maddin, Europa de Lars von Trier, Kafka de Steven Soderbergh