Kurt Cobain – About a Son : Cobain par Cobain
Cinéma

Kurt Cobain – About a Son : Cobain par Cobain

Dans Kurt Cobain – About a Son, AJ Schnack laisse le chanteur de Nirvana raconter sa propre histoire, à travers des entrevues enregistrées avant sa mort.

Figure mythique de la génération X, Kurt Cobain continue à ce jour d’incarner le mal de vivre pour ses contemporains. Par sa musique, le chanteur et guitariste de Nirvana offrait un défouloir collectif, où le cynisme côtoyait la sincérité et où toutes les frustrations pouvaient être exprimées haut et fort, comme un cri primal. Déjà le sujet de spéculations diverses de son vivant, l’existence de Cobain a été entièrement livrée aux lions après son suicide en 1994, tous pouvant l’interpréter comme bon leur semble.

Kurt Cobain – About a Son permet en quelque sorte à celui qui chantait Smells Like Teen Spirit de faire taire les rumeurs et de raconter lui-même son histoire d’outre-tombe. Pour créer cette illusion, le réalisateur AJ Schnack (Gigantic: A Tale of Two Johns) a entièrement construit son film à partir d’extraits des 25 heures d’entrevues que Cobain a données en 1992 et 1993 à Michael Azerrad, qui en a tiré le livre Come As You Are: The Story of Nirvana. Ces enregistrements audio n’étant pas originellement destinés à être diffusés publiquement, le défunt musicien s’y confie comme on l’a rarement entendu le faire, lui qui préférait souvent adopter une attitude blasée ou antagoniste face aux médias.

On se retrouve donc plongés presque directement dans la psyché de Cobain, dont les propos sont parfois troublants ou confus, mais toujours fascinants. À travers ses propres mots, on redécouvre le parcours de cet enfant du divorce, devenu adolescent inadapté puis musicien anticonformiste, et star planétaire malgré lui. Cobain se remet constamment en question et on sent la souffrance qui l’habite, non seulement celle dérivée de ses maux de ventre chroniques et de sa dépendance à l’héroïne, mais aussi, et surtout, celle reliée à un perpétuel sentiment d’aliénation qui, on présume, l’a mené à vouloir quitter ce monde.

Pour illustrer les paroles de Cobain, Schnack a choisi une approche impressionniste, se rendant dans les différentes villes où le musicien a évolué (Aberdeen, Olympia, Seattle) et filmant des images évocatrices et hypnotiques, un peu comme celles de Koyaanisqatsi. On peut regretter l’absence de chansons de Nirvana (la trame sonore regroupe plutôt des bands ayant influencé Cobain), mais Kurt Cobain – About a Son demeure un incontournable pour les fans de l’artiste.

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