Tout est parfait : Toujours vivant
Cinéma

Tout est parfait : Toujours vivant

Écrit par Guillaume Vigneault et réalisé par Yves-Christian Fournier, Tout est parfait marque l’arrivée de deux extraordinaires talents dans le monde du cinéma québécois.

Après le suicide de ses quatre meilleurs amis, Josh (Maxime Dumontier) se retrouve seul à faire face aux aléas de l’adolescence dans une banlieue industrielle anonyme. Peu réceptif aux tentatives insistantes de ses parents (Claude Legault et Marie Turgeon) et du psychologue de l’école (Pierre-Luc Brillant) de le faire s’ouvrir à eux, Josh trouve toutefois un certain réconfort dans les bras de sa camarade de classe Mia (Chloé Bourgeois)…

Malgré la lourdeur du sujet, Tout est parfait n’est pas assommant. Triste, certes, mais aussi lumineux, chaleureux… Vivant. Bref, Tout est parfait ne s’attarde pas tant à la mort qu’à la beauté, l’amour, l’espoir, toutes ces choses qui rendent inexplicable le fait qu’on puisse vouloir quitter ce monde. D’ailleurs, le film se refuse à tenter de mettre le doigt sur les motivations des suicidés, préférant s’attarder sur ce qui fait que la vie mérite d’être vécue, plutôt que le contraire.

En signant le scénario de Tout est parfait, Guillaume Vigneault s’inscrit dans une tradition de romanciers québécois s’étant essayés avec brio à écrire pour le cinéma, comme Michel Tremblay (Parlez-nous d’amour) ou Réjean Ducharme (Les Bons Débarras). Cette première tentative de l’auteur de Carnets de naufrage est particulièrement admirable pour la façon dont il réussit à rendre son écriture parfaitement cinématographique, les images prenant le dessus sur les envolées littéraires et les personnages se dessinant surtout à travers leurs actions.

Tout en subtilité, Vigneault et le réalisateur Yves-Christian Fournier parviennent à créer un univers complexe et authentique. Tout est parfait fait un usage remarquable des diverses possibilités du cinéma, tout en n’oubliant jamais d’ancrer la forme au fond, de s’assurer que le style ne prenne pas le dessus sur le propos. D’autre part, l’apport de la musique composée par Patrick Lavoie (et des pièces empruntées, entre autres, à Set Fire to Flames et Cat Power) est inestimable.

Mentionnons aussi la grande qualité de l’interprétation, surtout de la part des jeunes comédiens, notamment la touchante Chloé Bourgeois et, dans les rôles des suicidés, qu’on voit brièvement en flash-back, Niels Schneider, Jean-Noël Raymond Jetté, Maxime Bessette et Sébastien Bergeron Carranza. Enfin, Maxime Dumontier, dont le jeu intériorisé révèle un trop-plein d’émotions refoulées, est bouleversant. Tous contribuent à faire de Tout est parfait le meilleur film québécois depuis plusieurs années.

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