Le Serpent : Sans queue ni tête
Cinéma

Le Serpent : Sans queue ni tête

Le Serpent, d’Éric Barbier, raconte une vulgaire histoire de vengeance et d’auto-justice.

On dit qu’il ne faut jamais juger un livre à sa couverture. Si on applique le principe à l’affiche du nouveau film d’Éric Barbier (Le Brasier, Toreros), ce proverbe prend cruellement tout son sens. En effet, si l’idée de réunir dans un thriller tiré d’un roman de Ted Lewis (Get Carter) Yvan Attal, Clovis Cornillac et Pierre Richard paraît séduisante, le résultat se révèle plutôt décevant.

Dès son apparition, Cornillac affiche ses couleurs: c’est lui le gros méchant du film et au diable la nuance et la subtilité. Afin de faire chanter un avocat (Richard, efficace, élégant et rasé de près), Plender (Cornillac) lui envoie dans les pattes une superbe escorte géorgienne (Olga Kurylenko, superbe actrice ukrainienne vue dans L’Annulaire et bientôt dans le prochain James Bond) et filme leurs ébats sexuels. Et le public de ressentir un malaise en voyant le légendaire comique prendre son pied au pieu.

Plus tard, c’est au tour d’un photographe de mode en instance de divorce et papa de deux charmants chérubins (Attal, qui promène une mine patibulaire tout au long du film) de se faire attraper. Cependant, la belle ténébreuse aura un accident fatal et l’on retrouvera son cadavre dans le coffre de l’auto de Mandel (Attal). Plender s’immiscera alors dans la vie de ce dernier comme un ancien camarade de classe qui lui veut du bien.

Comme tout thriller où les policiers ne croient pas à la version des innocents, Le Serpent est une histoire de vengeance et d’auto-justice. Alors que le roman prenait parti pour Plender, Barbier et son coscénariste Trân Minh Nâm ont décidé de se placer du côté de Mandel. Serait-ce pour cette raison que Plender nous apparaît sans âme et ne suscite pas une once d’empathie lorsque est dévoilée la raison de ses agissements envers Mandel?

Si Barbier et la psychologie font deux, on ne pourra pas dire que celui-ci a lésiné sur l’enrobage. Multipliant des cadrages qui se veulent recherchés et misant sur une photographie sombre hyper-léchée, le réalisateur signe un thriller violent, artificiel et maniéré dont l’esthétique soignée met en relief la faiblesse du scénario. Plutôt que de se limiter à créer une ambiance faussement glaciale, Barbier aurait dû se concentrer sur le colmatage des brèches entre les intrigues de ce récit tiré par les cheveux.

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