Mémoire à la dérive : Sa vie en boucle

Revoir sa vie en boucle, inlassablement, revivre les mêmes instants, les mêmes angoisses, les mêmes deuils, les mêmes tourments. À la lumière du film Mémoire à la dérive, de Pauline Voisard, c’est ce qui semble se produire pour les gens atteints de la maladie d’Alzheimer.

Quatre femmes souffrant de la terrible maladie de l’oubli sont suivies pendant deux ans dans leur refuge de la maison Jean-XXIII. Avec elles, on apprend à démystifier les défaillances de la mémoire, à apprivoiser la peur de disparaître.

Les protagonistes, devenues les personnages de Voisard, se réinventent peu à peu, s’effaçant derrière une fiction d’elles-mêmes qui absorbe tous les êtres aimés et toutes les époques. Comme si rêver sa propre vie devenait la seule bouée possible dans l’océan de leurs égarements. "Je préfère créer une légende, embellir la réalité, affirme le fils de l’une d’elles. Ça fait tellement de bien de les voir là. […] C’est illusoire, mais ils sont heureux dans ça."

Entrelaçant adroitement des séquences d’archives avec les touchantes scènes tournées à la maison d’hébergement, la réalisatrice arrive à prouver que si la mémoire des faits se dissipe peu à peu, l’identité ne se laisse pas si facilement vaincre. Le plus fascinant sera sans doute de voir à quel point des chansons peuvent devenir des enclaves, dernières retraites où se retrouver en paix.

Le 24 février
À la salle Marguerite-Tellier
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