FIFA : Aux arts, etc.
Les bobines du 26e FIFA sont prêtes à tourner… Du 6 au 16 mars, place aux caméras les plus audacieuses de la planète, celles qui fouillent et qui fouinent.
Trois cents films provenant d’une trentaine de pays, un éclairage inédit sur une multitude de disciplines (arts visuels, arts de la scène, littérature, architecture, musique, cinéma évidemment), un volet compétition des plus relevés… Dix jours de bonheur cinéphile, quoi.
On trouvera décidément de tout pour tous au 26e Festival international du film sur l’art, reconnu comme étant le rendez-vous du genre le plus important au monde. Sans compter qu’avec Stéphane Bourguignon comme président du jury et Lorraine Pintal dans le rôle de porte-parole, nul doute que l’événement fera du bruit. Rappelons que le FIFA investit plusieurs établissements du centre-ville: Centre canadien d’architecture, Cinéma ONF, Cinémathèque québécoise, Goethe-Institut, Grande Bibliothèque, Musée d’art contemporain, Musée des beaux-arts, Place des Arts.
Nous vous avons préparé un aperçu de la première semaine de projections. (T.M.-R.)
ARTS VISUELS
Il est toujours fabuleux d’explorer les oeuvres et même d’entendre les explications de Louise Bourgeois, cette extraordinaire artiste née le 25 décembre 1911. Même lorsqu’elle se répète, semble frôler le radotage, se contredit (ses positions sur le féminisme sont parfois surprenantes), elle sait toujours nous bousculer. Sa notoriété étant grandissante, il y a eu beaucoup de films sur elle dans les dernières années. Néanmoins, il faut absolument aller voir le film Louise Bourgeois: The Spider, The Mistress and The Tangerine de Marion Cajori et Amei Wallach (8 et 14 mars), car il est extrêmement bien documenté, avec bon nombre d’archives et témoignages pertinents (le collectif Guerilla Girls, le critique et commissaire Robert Storr, son assistant Jerry Gorovoy, son fils Jean-Louis…). Celle qui est devenue à 71 ans (après une rétrospective au MoMA) un être plus grand que nature s’y révèle une femme parfois dure, mais aussi très sensible et intelligente.
Un autre créateur très actuel est sans nul doute le très engagé Hans Haacke. Cet artiste allemand, qui n’hésite pas à critiquer les musées, les gouvernements et les grandes compagnies pour leur manque de moralité, nous fait faire le tour de sa rétrospective qui a eu lieu en 2006-2007 à Berlin et à Hambourg. Parfois les explications sont un peu courtes, néanmoins, Hans Haacke 4 Decades de Michael Blackwood est une très bonne introduction à son oeuvre. Il sera projeté dans la même séance que Damien Hirst: Addicted to Art de Lucy Allen (9 mars).
Encore cette année, il faudra surveiller attentivement le panorama sur la vidéo québécoise et canadienne, dirigé par Nicole Gingras. Elle a entre autres choisi de présenter des vidéos de l’artiste de la Nouvelle-Écosse David Askevold ainsi que l’intégrale de l’oeuvre de la cinéaste d’animation Diane Obomsawin.
Toujours du côté de l’art canadien et québécois, notons John Heward: Un portrait de Sylvia Safdie (12 et 14 mars) ainsi que le documentaire sur Edmund Alleyn par sa fille Jennifer Alleyn, L’Atelier de mon père (7 et 16 mars). Côté photo, surveillons le film sur le photographe de mode Helmut Newton réalisé par sa femme June Newton, Helmut by June (9 et 11 mars), ainsi qu’un documentaire analysant des images couronnées par le World Press Photo, Looking for an Icon de Hans Pool et Maaik Krijgsman (9 et 16 mars). (N.M.)
ARCHITECTURE
Le 7 mars, incursion passionnante dans le monde de l’architecture contemporaine à travers Tours d’aujourd’hui et de demain. Au fil d’entretiens avec les plus grands créateurs de gratte-ciels actuels – Jean Nouvel, Paul Andreu, Christian de Portzamparc… -, Bertrand Stéphant-Andrews montre tout le défi que représentent la conception et l’érection des grandes tours, à Hong-Kong, Shanghai, Paris ou ailleurs, à l’heure de la surpopulation et des préoccupations environnementales. Spectaculaire. (T.M.-R.)
ARTS DE LA SCÈNE
Le 8 mars, après quelques courts métrages de danse, on propose Journal d’un danseur nomade, un film où Yannick B. Gélinas rend compte de l’aventure du Solo 30×30, une oeuvre in situ du chorégraphe et danseur Paul-André Fortier présentée dans cinq villes de trois continents. Les 8 et 10 mars, on rend hommage à la comédie musicale, d’abord avec Les Claquettes, quel pied!, puis avec Rouben Mamoulian, l’âge d’or de Broadway et Hollywood, un film de Patrick Cazals sur la carrière d’un cinéaste états-unien d’origine arménienne, pionnier du théâtre musical. Les 8 et 14 mars, deux films à thématique gaie. D’abord, Peter Bebjak propose Darkroom, un court métrage inspiré par une chorégraphie du Slovaque Yuri Korec. Les corps de six hommes y seraient libérés par l’obscurité. Ensuite, Gerald Fox nous entraîne dans l’intimité d’une légende de la musique pop avec George Michael: I’m Your Man, un documentaire tourné pour la télévision, durant une période de deux mois. Le chanteur y aborde sa sexualité, la célébrité, les médias et la marijuana.
Les 9 et 15 mars, on présente, après un court métrage sur le théâtre d’ombres, le bouleversant Un soleil à Kaboul… ou plutôt deux. En juin 2005, la metteure en scène Ariane Mnouchkine et son Théâtre du Soleil sont invités à animer un stage à Kaboul, une ville où la barbarie et l’obscurantisme ont presque éradiqué toute forme artistique. À l’aide des masques balinais, japonais et de ceux de la commedia dell’arte, Mnouchkine et sa troupe font tomber les barrières culturelles et religieuses. Le 11 mars, un même programme permet de découvrir le travail de plusieurs chorégraphes: Sally Gross aux États-Unis (Sally Gross – The Pleasure of Stillness), Kettly Noël au Mali, Aïcha M’Barek et Hafiz Dhaou en Tunisie et Dominique Hervieu en France (La Danse, l’art de la rencontre). (C.S.-P.)
CINÉMA
Réalisé pour la télévision française, Clint Eastwood, le franc-tireur est assez conventionnel dans la forme, Michael Henry Wilson (A Personal Journey with Martin Scorsese Through American Movies) se contentant de braquer sa caméra sur son sujet pendant leur entrevue-fleuve et d’incorporer quelques extraits de ses films. Or, ce documentaire demeure exceptionnel car, comme l’affirme Wilson, qui l’a rencontré à son ranch californien alors qu’il terminait la postproduction de son diptyque sur la bataille d’Iwo Jima, Clint Eastwood est probablement "le plus secret des grands cinéastes américains". C’est donc un privilège d’entendre cet homme habituellement peu loquace se confier longuement à propos de sa jeunesse, de ses débuts comme acteur dans la télésérie Rawhide, de ses collaborations avec Sergio Leone et Don Siegel, du désir qu’il avait de ne pas passer sa vie à jouer des cow-boys et des flics et, évidemment, de son passage à la mise en scène (9 et 15 mars).
Dans Germaine Dulac, questions de cinéma, Anne Imbert s’intéresse à celle qui fut la première femme à faire du cinéma en France, dès 1915 (8 mars). Polanski par Polanski, de Pierre-André Boutang et Annie Chevallay, est, vous l’aurez deviné, consacré au réalisateur de Rosemary’s Baby (9 et 14 mars). Enfin, Giuseppe Bertolucci tente avec Pasolini Next to Us de faire revivre le controversé cinéaste italien, à l’aide d’images inédites filmées pendant le tournage de sa dernière oeuvre, Salò ou les 120 journées de Sodome (11 mars). (K.L.)
LITTÉRATURE
Le 9 mars, on part à la découverte de La Sensation haïtienne, alias Oni, cette poète qui livre son slam enflammé debout sur une caisse de lait au beau milieu du marché By d’Ottawa. En invitant les passants à "la récompenser ou la punir en lui lançant des tomates", Oni tisse un lien unique avec un public mobile et imprévisible. Un court (6 min 20) signé Stéphanie Larrue. Le même jour, on pourra suivre l’écrivaine Hélène de Billy à travers Je me souviens d’avoir cherché "oxymoron" dans le dictionnaire, un autre court, de Gilbert Duclos celui-là. De Billy revisite sa jeunesse et son âge adulte, bercée ou brassée par les chansons de Cohen ou les slogans du Parti Québécois.
Dans Marriage, présenté le 12 mars, cap sur la Russie des années 10 et 20, dans le sillage de l’écrivain satirique Mikhail Zochtchenko (1895-1958) et de sa femme Vera Kerbits. Cette dernière, dans son journal intime, consigne les bouleversements d’une vie de création au coeur d’un régime dur avec ses artistes. Une réalisation de Vladimir Nepevnyi (note: film russe avec sous-titres anglais). (T.M.-R.)