Rémi-Pierre Paquin : Ami du court
Rémi-Pierre Paquin met sa bouille de "chum de gars" au service du festival Regard sur le court métrage au Saguenay, un événement pour lequel il entretient un attachement pas loin de l’amitié.
L’amitié semble compter beaucoup pour le nouveau porte-parole du festival Regard sur le court métrage au Saguenay, Rémi-Pierre Paquin. Pas parce qu’on se méprend en l’associant à son personnage de Rémi dans Les Invincibles – émission culte s’il en est une, dont la troisième saison sera à l’affiche à l’automne. Plutôt parce que lui-même, peut-être par modestie, associe ce qu’il est devenu aux rencontres qu’il a faites jusque-là. On parle des Ricardo Trogi (réalisateur d’Horloge biologique et Québec-Montréal), Patrice Robitaille (Cheech, Horloge biologique), Francis Leclerc (réalisateur de Mémoires affectives, Nos étés), Jean-François Rivard (auteur des Invicibles)… Même Pierre-François Legendre (Les Invincibles, Legendre idéal), avec qui il se paie le luxe d’un voyage à Dubaï, question de faire de la planche au centre de ski intérieur qui a vu le jour en plein désert en 2005, ainsi que de passer une nuit en 4X4 dans la poussière des plaines désertiques, avant de revenir tâter de l’hiver au Saguenay. Une aubaine, à ce qu’il paraît. Du moins, un vrai "trip de gars".
L’amitié de tout ce beau monde trouve son ciment entre autres dans le court métrage, qui non seulement est très présent dans leur parcours professionnel, mais a fait prendre à la vie de plusieurs d’entre eux une tangente inattendue. "C’est l’improvisation et le court métrage, en fait. Toute cette gang-là de Québec, on s’est connus à travers l’impro et on s’est mis à faire des courts métrages." Une expérience qui aura poussé Paquin à étudier en théâtre, aussitôt terminé son bac en communication à l’Université Laval. "Tout le monde, on s’est redirigés parce qu’on avait trop de fun à faire ça."
LE COURT DES CHOSES
Au-delà du court métrage, l’ambiance de festival charme particulièrement Rémi-Pierre Paquin. Il faut dire qu’il n’en est pas à sa première expérience du genre. Il a aussi été porte-parole du Festival du film court de Victoriaville (FFCV), qui malheureusement cessait ses activités après sa quatrième édition en 2005.
Le porte-parole de Regard a aussi joué dans de nombreux courts métrages. Parmi ses participations, le très imaginatif Terreur au 3918, qui transformait un simple appartement – celui du réalisateur Mathieu Fontaine – en vaisseau spatial dont l’équipage était touché par un mal étrange. Projeté à la dernière édition du festival Regard, et diffusé entre autres par le festival SPASM: Science-fiction, le court s’est rendu au festival de court métrage de Trouville-sur-Mer et au festival Vitesse Lumière de Québec, où il a chaque fois remporté un prix du public. Le film était aussi représenté à Clermont-Ferrand où il a été acheté par Canal +. Selon Paquin, cette dernière transaction aura permis de le diffuser à la télé française et dans toute la francophonie. Enfin, Terreur au 3918 aura remporté en 2007 le Prix du meilleur court de fiction aux Rendez-vous du cinéma québécois, à Montréal.
Paquin est donc très bien placé pour comprendre l’importance de la décision du festival Regard d’ouvrir cette année son volet compétitif. "On va voir ce que ça va donner. Moi j’aime bien le côté compétitif parce que ça permet une remise de prix à certaines personnes qui se démarquent dans ce milieu-là."
Déjà, les organisateurs ont noté les effets tangibles de cette décision. Attirés par la crédibilité qu’apporte la sélection d’un jury, les réalisateurs ont été presque deux fois plus nombreux à proposer leurs films. En effet, pour l’édition 2008, 600 courts métrages seraient parvenus à l’équipe de sélection de l’organisme Caravane TV, responsable de l’organisation de l’événement, contre seulement 370 en 2007. Cette abondance résultera d’ailleurs en une augmentation du nombre de projections – 54 courts métrages de plus que l’année précédente, pour un total de 165… Ce qui n’aurait sans doute pas été possible sans la participation de nouvelles salles comme celle du cinéma du Complexe Jacques-Gagnon à Alma et la toute récente salle de l’Opéra – cabaret urbain.
DE TOUT COURT
On ne peut parler de l’ambiance du festival Regard sans relever ces moments les plus prisés par les acteurs et les réalisateurs, devenus pour eux de véritables traditions. Parmi ces incontournables, Rémi-Pierre Paquin cite "la game de hockey qui revient à chaque année. Le Cabaret, aussi. En plus, c’est We Are Wolves, cette année!" Un spectacle de cette formation électro-punk se tiendra d’ailleurs à l’Opéra – cabaret urbain le 13 mars à 22h. Quant aux nuits du cabaret, elles auront lieu à l’Hôtel Chicoutimi.
Paquin accorde aussi une valeur importante aux marges du festival, au-delà de sa programmation officielle. Les rencontres plus ou moins fortuites qui s’y produisent ont parfois des répercussions non négligeables pour certains projets. "C’est un party avec du monde qui travaille dans ce milieu-là, qui est passionné par le court métrage. C’est tripant. C’est des bons compagnons de discussions qui finissent très tard dans la nuit…" lance-t-il en rigolant comme un gars qui reverrait le film de sa vie – au festival.
L’un de ces moments mémorables aura été la première présentation non officielle des trouvailles de Simon Lacroix, instigateur de Total Crap: "C’était pas encore parti officiellement son affaire et il avait apporté un vieux vidéo dans sa chambre d’hôtel… Il nous montrait des cassettes d’affaires incroyables, de scrap de télé. On avait tellement ri!" Le fou rire est partagé avec le public depuis déjà quelques années. Une projection de Total Crap: Bad TV for Bad People aura d’ailleurs lieu le 15 mars à minuit, à l’Opéra – Cabaret urbain.
LA SITUATION DU COURT
Devant les avancées importantes du festival Regard, qui continue encore de se renouveler après 12 ans d’existence, on pourrait facilement croire que le court métrage se porte bien au Québec. Or, selon Paquin, l’expérience du Saguenay ne serait pas révélatrice de ce qui se passe ailleurs dans la province. "Je ne suis pas sûr que le court métrage prenne plus d’importance. Les médias en parlent, mais il n’y a pas plus de diffusion. Par contre, ça ne devrait pas tarder. Il y a un bogue avec les diffuseurs en salle, mais c’est juste qu’il faut qu’il y ait un arrangement. Il faudrait qu’ils acceptent de jumeler un court métrage avec un long, ce qui serait vraiment l’fun, mais je ne sais pas trop… Cette poutine-là, je ne la connais pas. Pourtant, le format est bien intéressant. Tu peux le glisser partout, le court métrage. Mais il y a quelque chose qui bloque quelque part."
Si ça bloque ailleurs, chez nous ce sera la débâcle du 12 au 16 mars. Bon festival.
Pour connaître la programmation complète du festival, visitez www.caravane.tv.
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