FIFA : Tout l’art du monde
Plus que quatre jours pour profiter des merveilles offertes par le 26e FIFA. Voici quelques perles pour le dernier sprint.
ARTS VISUELS
En premier, il faut absolument voir le film Andy Warhol, Denied (le 15 mars) de Chris Rodley. Il remettra en question votre vision de l’art. Plus souvent qu’autrement, Warhol faisait faire ses oeuvres par d’autres (poussant à l’extrême la notion d’atelier développée par des artistes anciens, tels Rubens ou Rembrandt). Vous y apprendrez comment il lui est même arrivé de faire signer ses oeuvres par d’autres! Son art s’y révèle clairement comme une contestation des notions d’auteur, d’authenticité, d’oeuvre unique… Un film qui critique la Fondation Warhol qui veut faire le ménage dans l’oeuvre de l’artiste, tentant d’éliminer tout ce qui n’aurait pas été au moins supervisé par le maître, lui qui pourtant ne choisissait pas toujours les couleurs de ses tableaux.
En second, il ne faut pas rater The Gates (les 13 et 16 mars) d’Antonio Ferrera et Albert Maysles. Grâce, entre autres, à des archives, ce film montre les péripéties qu’ont traversées depuis 1979 les artistes Jeanne-Claude et Christo afin de réaliser en 2005 The Gates, gigantesques portiques orangés placés dans Central Park à New York. Les gens qui se sont opposés à ce projet ont dit des bêtises incroyables… Un constat: l’art public est un vrai cauchemar! (N.M.)
ARTS DE LA SCÈNE
Les 13 et 16 mars, Patrick Bossé, qui avait réalisé un très beau film autour du metteur en scène André Brassard en 2006, s’attaque à un autre géant du milieu théâtral québécois: le comédien Gilles Pelletier. Dans Le Chemin parcouru, l’homme de théâtre revient sur les étapes les plus marquantes de son exceptionnelle carrière, mais il parle aussi de son autre passion, la mer. Le 13 mars, la projection sera précédée d’un hommage auquel prendront part Lorraine Pintal, Nathalie Gascon, Monique Lepage, Janine Sutto, Jean-Louis Roux et plusieurs autres. Le 15 mars, on propose un doublé de chorégraphes hors normes: un court documentaire sur le parcours de l’Allemande Pina Bausch et Here After, une adaptation filmée du spectacle Puur (2005) de Wim Vandekeybus et de sa compagnie Ultima Vez. Dénonçant les débordements du monde actuel, où génocide, terreur et guerre restent monnaie courante, ce film est une vraie splendeur. Le 15 également, le Québécois d’origine roumaine Oana Suteu Khintirian propose avec Flow une immersion poétique dans l’univers aquatique du spectacle "O" du Cirque du Soleil. (C.S-P.)
CINÉMA
Dans Jeanne Moreau: Côté cour, côté coeur, la grande dame du cinéma français s’entretient avec la réalisatrice Josée Dayan sur les rencontres qui ont marqué sa prodigieuse carrière, telles celles avec Malle, Welles et Gérard Philipe, ses plus beaux rôles au cinéma et à la scène, tout en demeurant discrète sur sa vie privée. Une rencontre chaleureuse placée sous le signe de la complicité ponctuée d’extraits de films mémorables et de chansons inoubliables. (14 et 15 mars)
De Luc Lagier, Godard, l’amour, la poésie propose une étude ludique et légère des films nés de l’union entre le réalisateur d’À bout de souffle et sa mythique muse, l’actrice Anna Karina. Un documentaire qui donne envie de voir et revoir les oeuvres phare de la Nouvelle Vague. (15 et 16 mars)
Enfin, Robert Wilson: Video Portraits, où Marina Zenovich suit l’artiste au travail, s’avère le complément parfait pour ceux qui auront vu la série de portraits VOOM. On y croise brièvement la princesse Caroline de Monaco, Salma Hayek et Macaulay Culkin. Plutôt people, mais néanmoins intéressant. Quant à y découvrir les motivations profondes de Wilson, on repassera… (15 mars) (M.D.)
LITTÉRATURE ET MÉDIAS
Le 13 mars, rendez-vous avec l’Oiseau de nuit qu’était Guy Mauffette, comédien et pionnier de la radio d’ici, animateur pendant 13 ans (1960-1973) de l’émission Le Cabaret du soir qui penche. Dans le film que lui consacre Raymond Saint-Jean, celui que l’on appelait le "poète du micro" apparaît comme indissociable de l’éveil culturel québécois et sous l’une de ses plus belles figures.
Le 15 mars, gros plan sur Léandre Bergeron à travers le très sensible film que lui dédient Christian M. Fournier et Sylvain Rivière, intitulé Avec conviction, sans espoir. Le Manitobain d’origine, installé au Québec depuis 1964, militant, professeur à Concordia et auteur du Petit manuel d’histoire du Québec, allait tout plaquer en 1975 pour aller vivre au fin fond de l’Abitibi, fondant avec sa femme une ferme et une petite boulangerie, élevant ses trois filles à la maison et cultivant plus que tout une farouche indépendance d’esprit. Un portrait à hauteur d’homme (aussi présenté le 16).
Les mêmes jours (15 et 16), on redécouvre l’auteure du Deuxième Sexe avec Simone de Beauvoir, une femme actuelle, de Dominique Gros. Travaux, entrevues, actions engagées, passions transatlantiques avec Nelson Algren, amour/amitié entretenu avec Sartre pendant des décennies: tout s’entrecroise dans cette oeuvre où se mêlent extraits de mémoires et archives audiovisuelles révélatrices. (T.M.-R.)