La Ligne brisée : Boxe-office
Avec La Ligne brisée, Louis Choquette réalise le premier film de boxe québécois.
Sylvester Stallone dans Rocky et ses cinq suites, Robert De Niro dans Raging Bull, Will Smith dans Ali, Hilary Swank dans Million Dollar Baby, Russell Crowe dans Cinderella Man… Les boxeurs ont souvent été à l’honneur au cinéma mais, à moins de compter Le Steak, documentaire de Pierre Falardeau sur Gaétan Hart, aucun film de boxe n’avait encore été produit au Québec.
C’est maintenant chose faite avec La Ligne brisée, l’histoire de Danny Demers (Guillaume Lemay-Thivierge) et Sébastien Messier (David Boutin), deux amis boxeurs devenus rivaux à la suite d’un événement tragique. Messier, qui était promis à devenir champion du monde, a sombré dans l’alcool et l’autodestruction, tandis que celui qui était jadis son faire-valoir, Demers, a gravi les échelons jusqu’au sommet.
Si le résumé qui précède semble vague, c’est que nous ne voudrions pas gâcher les nombreuses surprises que renferme le scénario de Michelle Allen (Le 7e round). L’aspect imprévisible du film est en grande partie dû à la façon dont l’action se déplace entre deux périodes chronologiques tout le long du récit. À plusieurs reprises, alors qu’on croit avoir saisi la dynamique entre les personnages, un retour dans le temps nous apprend quelque chose de plus sur leur passé commun et modifie la perception qu’on a d’eux. Habile et captivante, cette construction est toutefois fragilisée par quelques éléments narratifs questionnables, notamment un invraisemblable boomerang du destin dont on aurait pu se passer.
La Ligne brisée demeure néanmoins un film enlevant, grâce entre autres à la solide réalisation de Louis Choquette (2 frères, Temps dur), qui effectue un passage réussi du petit au grand écran. Privilégiant un ton intimiste sans toutefois négliger le suspense sportif, Choquette orchestre une succession d’intenses confrontations souvent autant, voire plus psychologiques que physiques.
En ce qui a trait à l’interprétation, David Boutin rend de façon très convaincante son personnage de brute impulsive, tout en parvenant à ne pas en faire une figure entièrement antipathique. Quant à Guillaume Lemay-Thivierge, il est intéressant de le voir jouer un type qui, malgré un physique avantageux, souffre d’insécurité. Dans les rôles plus limités d’un entraîneur et d’une physiothérapeute, Germain Houde et Fanny Mallette font aussi bonne impression.
Sans être du même niveau que les classiques du film de boxe, La Ligne brisée constitue une première incursion québécoise plus que respectable dans le genre.
À voir si vous aimez /
21 Grams d’Alejandro González Iñárritu, Poor Boy’s Game de Clément Virgo, Rocky de John G. Avildsen