Sleepwalking : Le mépris
Dans Sleepwalking, William Maher traite ses personnages et son public avec condescendance.
Certains critiques croient que les plus mauvais films sont les vues d’horreur de série Z, les films d’action débiles ou les comédies juvéniles. Pourtant, ceux-ci n’ont généralement aucune autre prétention que celle de satisfaire leur public respectif. Les pires films sont en fait ceux qui, comme Sleepwalking, croient nous apprendre de grandes leçons de vie, alors qu’ils ne nous servent que de la bouillie psycho-pop.
Après avoir été mise à la rue à la suite d’une descente policière chez son dernier petit ami minable, Joleen (Charlize Theron) se réfugie avec sa fille Tara (AnnaSophia Robb) chez James (Nick Stahl), son frère paumé. Lorsque la mère indigne se pousse peu de temps après sans laisser d’adresse, le jeune homme tente tant bien que mal de s’occuper de sa nièce, mais les services sociaux viennent bientôt lui en retirer la garde.
À peine entamé, Sleepwalking fait déjà grincer des dents par le misérabilisme et l’absence d’authenticité avec lesquels le milieu défavorisé est dépeint, par les ressorts mélodramatiques grossiers et par le manque de naturel des interprètes. On peut supposer que c’est de quoi Le Ring aurait eu l’air si le film d’Anaïs Barbeau-Lavalette avait été réalisé par un tâcheron hollywoodien avec, au lieu d’un jeune acteur ayant du vécu, une petite blondinette proprette au jeu insupportablement affecté.
On croirait que le film ne pourrait pas sombrer plus bas, mais ce serait sous-estimer la bêtise du scénariste Zac Stanford et du réalisateur William Maher qui, contre toute logique, font enlever Tara du centre d’accueil par son oncle. Pire, le film traite cette action criminelle comme si elle était justifiable, voire inspirante.
À nouveau, on assume que Sleepwalking a touché le fond, mais que nenni! Voilà que Mononcle a l’idée de génie d’amener sa nièce sur la ferme du grand-père qu’elle n’a jamais connu. Il faut voir pour le croire la caricature grotesque du gros méchant paternel incarné par un Dennis Hopper moustachu, coiffé d’un chapeau de cow-boy, fumant le cigare et gueulant constamment. James et Joleen ont eu une enfance difficile, tout s’explique!
On vous épargne la suite, mais mentionnons que, sans surprise, les créateurs du film font si peu confiance au spectateur qu’ils ne manqueront pas, avant le générique, de faire expliquer ouvertement par un des personnages la signification du titre. Navrant.
À voir si vous aimez /
Pay It Forward de Mimi Leder, Aurore de Luc Dionne