Festivalissimo : Morceaux choisis
Festivalissimo se poursuit cette semaine avec plusieurs autres films ibéro-latino-américains de tous genres.
AÑO UÑA
(Mexique, Jonás Cuarón)
Avec ce premier film, le fils d’Alfonso Cuarón ne suit pas tant les traces de son père que celles de Chris Marker, en construisant un récit entièrement à l’aide d’une succession de photographies, comme l’avait fait le cinéaste français pour La Jetée. La teneur et le ton d’Año uña se rapprochent néanmoins quelque peu du Y tu mamá también de Cuarón père, alors qu’on suit les tribulations de Diego (Diego Cataño), un adolescent mexicain débordant d’hormones qui s’amourache d’une femme d’expérience. Mettra-t-il son innocence dans la balance?
La femme en question, Molly (Eireann Harper), est une Américaine venue au Mexique pour apprendre l’espagnol, ce qui donne lieu à quelques passages amusants jouant sur le choc des cultures. Le plaisir modeste du film se trouve toutefois surtout dans la relation qui se tisse entre Diego et Molly, dont l’interaction comporte une part de tension sexuelle, mais surtout une affection mutuelle douce, naïve et somme toute inoffensive. Le concept images fixes/narration peut sembler hermétique initialement, mais Jonás Cuarón démontre un bon sens de la composition visuelle, et l’impression qui ressort au final est celle d’une série de moments furtifs captés au vol, ce qui sert bien le sujet. (21 mars)
EL REY DE LA MONTAÑA
(Espagne, Gonzalo López-Gallego)
Alors qu’il traverse une route isolée, un automobiliste (Leonardo Sbaraglia) devient la cible de tirs mystérieux provenant des montagnes. L’idée est loin d’être nouvelle: The Most Dangerous Game, Predator et Hard Target, pour ne nommer que ceux-là, ont tous déjà offert des variations sur le thème de la chasse à l’homme. Gonzalo López-Gallego parvient malgré tout à maintenir une forte tension pendant la majeure partie du film, alors qu’une menace constante plane sur le protagoniste et que, encore plus inquiétant, il ignore qui s’en prend à lui et pourquoi.
Or, contrairement au Duel de Spielberg, où le prédateur demeurait anonyme jusqu’à la fin, la nature des assaillants est ici révélée. Sans doute le cinéaste estimait-il que ce revirement ajouterait une dimension inattendue au film, ce qui n’est pas faux, mais la peur de l’inconnu est toujours plus intense que lorsqu’on la concrétise. (20 mars)
LA SEÑAL
(Argentine, Ricardo Darín et Martin Hodara)
Buenos Aires, 1952. Alors que se meurt Eva Perón, un détective privé est engagé par une femme (fatale) pour suivre un homme en filature. Sans surprise, ce qui semblait au départ n’être qu’une besogne de routine se révèle en fait être une affaire complexe et dangereuse. La Señal est un énième hommage au film noir et, comme c’est souvent le cas dans ce type de pastiche, la forme prévaut grandement sur le contenu.
La photographie, bien qu’en couleur, est si stylisée qu’elle donne souvent l’impression d’être en noir et blanc, et les réalisateurs Ricardo Darín et Martin Hodara établissent assez habilement une atmosphère d’incertitude et de cynisme. Par contre, en plus d’être désespérément banal, le scénario est alourdi par une certaine nonchalance narrative et, même lorsque les meurtres et les revirements commencent à se bousculer, La Señal demeure peu excitant. (21 et 26 mars)
Jusqu’au 27 mars
www.festivalissimo.ca