Married Life : Pour le meilleur… et pour le pire
Cinéma

Married Life : Pour le meilleur… et pour le pire

Dans Married Life, d’Ira Sachs, un homme rêve de quitter son épouse pour une plus jeune femme.

Il y a de ces films qui ne tiennent pas leurs promesses. C’est notamment le cas de Married Life, film d’Ira Sachs (The Delta) flirtant tour à tour avec la comédie screwball, le film noir et le drame de moeurs. S’il possède l’élégance surannée du cinéma de la fin des années 40 – son action se situe en 1949 et le charmant générique animé rappelle l’esthétique des dessinateurs Rockwell et Frahm -, il n’en a cependant pas le mordant ni le pétillant.

Adapté d’un roman de John Bingham (Five Roundabouts to Heaven), Married Life met en scène Harry (Chris Cooper, sensible et attachant), homme marié depuis une vingtaine d’années à Pat (Patricia Clarkson, délicieuse) et qui rêve d’épouser sa maîtresse Kay (Rachel McAdams, mignonne), jeune beauté platine ayant perdu son mari à la guerre, elle-même convoitée par le séduisant Richard (Pierce Brosnan, suave), meilleur ami de Harry.

Porté par la voix de Brosnan, Married Life commence plutôt bien alors que les deux protagonistes masculins s’échangent quelques répliques savoureuses sur la vie conjugale. Toutefois, leurs considérations sur le mariage, la fidélité, l’adultère deviendront d’une banalité si navrante que l’ensemble perdra peu à peu de son charme.

De comédie bavarde perdant de son souffle, le tout balancera du côté du film noir mâtiné d’humour, hélas trop brièvement, lorsque Harry se mettra en tête d’assassiner sa femme afin qu’elle ne souffre pas de le voir partir avec une plus jeune qu’elle – bonjour la modestie! Et le bavardage de reprendre de plus belle, et la lâcheté des personnages, somme toute égoïstes et narcissiques, de remonter à la surface. Taisez-vous et passez aux actes, a-t-on envie de leur hurler à la tête…

Bien plus que le mariage et le démon du midi, Married Life tourne laborieusement autour de l’éternel sentiment d’insatisfaction que ressent trop souvent l’être humain qui croit que le gazon est plus vert de l’autre côté de la clôture. Au lieu d’avoir le courage d’avouer la vérité, la petite galerie de personnages de Sachs se dépêtrera dans les mensonges et trahisons. Malheureusement, ce ne sera pas pour le plus grand plaisir du spectateur, qui aura la déplaisante impression d’avoir assisté à un moralisateur cours de préparation au mariage. Tout ça pour ça…

À voir si vous aimez /
We Don’t Live Here Anymore de John Curran; Sidewalks of New York, d’Edward Burns; Adultère, mode d’emloi de Christine Pascal