FC3A : Coups d'oeil
Cinéma

FC3A : Coups d’oeil

Le neuvième FC3A nous propose plus de 200 courts et longs métrages, documentaires ou de fiction, des Amériques ou du monde. Nous en avons vu une dizaine. Teasers.

SERIE 3 AMERIQUES

O Ano em Que Meus Pais Saíram de Férias

Brésil, 1970. Entre dictature et soccer se profile l’esprit d’une époque, porté par ses gens, ses événements. Mais surtout, ce regard empreint d’innocence, propre aux chroniques de jeunesse. Manière d’idéalisation, qui se traduit aussi à travers une facture visuelle remarquable. Si bien que cette histoire de solidarité devant l’adversité nous convie à la découverte d’une réalité étrangère, tout en nous atteignant par sa beauté, sa fraîcheur et le sentiment de nostalgie qu’elle suscite. Un film de Cao Hamburger. (J. Ouellet)

The Tracey Fragments

Tracey (Ellen Page), 15 ans, est aux prises avec des problèmes d’image de soi, le harcèlement des petites brutes de son école et des parents qui ne la comprennent pas. Bruce McDonald s’empare ici des bases d’un film d’ados typique, les fait éclater en un million de morceaux et les rassemble en un ahurissant kaléidoscope narratif et visuel, où chaque plan est divisé en une multitude de cadres distincts, comme si Peter Greenaway avait réalisé un remake expérimental de Ghost World. (K. Laforest)

SÉRIE DOCUMENTAIRES

Unbuckling My Bible Belt

Après 15 ans passés au Canada, Laura Kathryn Mitchell est retournée visiter les membres de sa famille qui vivent en pleine Bible Belt, expression désignant les États américains où règne le fondamentalisme chrétien. Patricia Tassinari l’y a accompagnée et en a ramené ce documentaire, un portrait très personnel du sud des États-Unis. Si personnel, en fait, qu’on a parfois plus l’impression de regarder une vidéo de famille qu’un film offrant un véritable point de vue ou un souci de la forme. (K. Laforest)

Secrecy

Depuis des décennies, le gouvernement américain se fait un devoir de classer au secret une somme colossale de documents considérés dangereux pour la sécurité nationale. Mais en agissant ainsi, il prive plusieurs de ses citoyens touchés par ces événements du plus élémentaire droit à la vérité, tout autant qu’il met lui-même des bâtons dans les roues de ses propres agences de renseignement. Ce documentaire un peu aride de Peter Galison et Robb Moss prend prétexte des nombreuses embûches survenues le 11 septembre 2001 pour faire le tour de l’importance majeure du contrôle de l’information depuis une cinquantaine d’années, s’en tenant toujours rigoureusement aux faits et ne tombant heureusement jamais dans les délires conspirationnistes. (J.-F. Dupont)

Urban Explorers: Into the darkness

La réalisatrice Melody Gilbert suit quelques personnages qui se définissent comme des explorateurs urbains, soit de jeunes hommes et femmes (surtout américains) qui ont comme hobby l’exploration de sites et d’édifices abandonnés et oubliés de presque tout le monde, autant en ville qu’en campagne. Faisant partie d’une sous-culture méconnue, ces adeptes, très solidaires et liés par Internet, s’avèrent la mémoire de lieux hors du commun. Ce que montre Gilbert ici s’avère assez fascinant par la totale liberté des personnes qu’elle présente, de même que par ces lieux poussés vers l’oubli et qui recèlent étrangement une forte dose de mystère. (J.-F. Dupont)

SÉRIE MUNDO

Sous les bombes

En plein conflit au Liban à l’été 2006, Zeina, jeune mère de famille vivant à l’étranger, revient au pays pour chercher son fils et sa soeur qui semblent avoir disparu dans le chaos ambiant. Seul Tony, un chauffeur de taxi chrétien, l’accompagnera durant ses recherches du nord au sud du pays. Ayant remporté plusieurs récompenses récemment, le film du Libanais Philippe Aractingi se veut un objet rare, car c’est en pleine guerre que le réalisateur décidait de tourner ce film sensible et jamais démagogique, avec ses deux seuls acteurs jouant au milieu de victimes et sur une scène réellement tragique. Des choix qui donnent des airs fascinants de documentaire à son film. (J.-F. Dupont)

Du Levande

Dans cette ode au quotidien de l’homme qu’est ce versant positif de Chansons du deuxième étage, Roy Andersson rejette une fois de plus une structure narrative classique. Avec la minutie d’un peintre, il compose une cinquantaine de riches tableaux aux teintes verdâtres peuplés d’êtres humains aux visages blafards en quête de bonheur. En résulte une admirable mosaïque alliant savamment le baroque, l’insolite et le loufoque, où le moindre petit geste de l’homme se transforme en un grand moment de cinéma. (M. Dumais)

Ex Drummer

Si certains films font l’apologie de la violence, celui-ci la montre dans toute sa laideur, alors qu’il nous fait pénétrer dans l’univers sale et brutal d’une bande de losers aussi vulgaires et stupides que fous furieux. Bref, on est dans l’extrême. Et heureusement, car tant l’histoire, avec ses délires romanesques (Herman Brusselmans), que le style, soulignant la dépravation générale, permettent une mise à distance qui, paradoxalement, nous garde dans la partie. Sans compter qu’on est curieux de savoir comment ça va finir. Cathartique et… troublant. (J. Ouellet)

Sügisball

Chassé-croisé de personnages vivant des existences aussi moroses que l’agglomération de tours de l’ère soviétique où ils habitent, aussi morose que l’automne du titre, Sügisball (adapté du roman de Mati Unt) se révèle fort derrière ses airs de grisaille. On y explore en profondeur non pas l’anecdotique, mais l’émotion des personnages. Dans un registre réaliste, voire âpre, on y partage leur désir, légitime et bien humble, quoique souvent contrarié, d’être heureux avant de mourir. (J. Ouellet)

REGARD SUR LE CINÉMA DES PREMIÈRES NATIONS

Bury My Heart at Wounded Knee

Ce film intéresse d’abord par l’éclairage aussi instructif que sensible qu’il jette sur les événements historiques relatés, soit le parcours des aborigènes américains, de Little Big Horn à Wounded Knee. Tiré du livre de Dee Brown, il offre une exposition bien documentée et nuancée des faits et gestes des différents acteurs en cause. Le tout ancré dans des personnages consistants, aptes à en rendre l’aspect humain et, donc, à nous interpeller. Désolant comme la fatalité, le malheur, la fin d’un monde. (J. Ouellet)

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L’ARGENTINE AU FÉMININ

L’Argentine aura une place – féminine! – de choix durant le FC3A. Fort d’un échange Québec-Argentine qui a pour but de faire connaître notre cinéma à l’autre, l’organisme Vidéo Femmes, en collaboration avec le centre argentin MG producciones documentales, a sélectionné neuf ouvres (dont quatre longs métrages faisant partie de la programmation officielle du FC3A) de cinéastes argentines. En réponse à cet événement, une semaine de cinéma québécois réalisée par des femmes à Buenos Aires se déroulera en juin 2008 à l’autre extrémité du continent. Cinq réalisatrices d’ici iront y présenter leurs ouvres. D’ici là, on peut assister, le 30 mars au Cinéma Cartier, à une projection de cinq courts métrages de cinéastes argentines, dont Astras de la via de Franca Gonzáles, qu’on pourra rencontrer sur place. (I. Gagnon-Paradis)

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COURIR LES COURTS

Encore une fois cette année, le FC3A fait une belle place aux courts métrages. En plus des films en lice pour le Prix du meilleur court (il y en a près de 40), le Festival présente pour la première fois deux programmes hors compétition, série Mundo, avec des films en provenance, entre autres, du Royaume-Uni, de la Belgique et de l’Australie. Quant aux films en compétition, ils sont divisés en sept programmes "pot-pourris", où plusieurs genres sont représentés – sauf le numéro 6, qui regroupe des films plus expérimentaux. Ainsi, "qu’on soit un mordu des courts ou qu’on veuille s’initier au genre, on peut aller voir n’importe lequel des programmes et y trouver son compte", nous a expliqué Martin Brouard du FC3A. Autres événements à ne pas manquer: les deux Nuits du court Boréale, des best of des autres festivals de courts, les 28 et 29 mars à La Casbah. (I. Gagnon-Paradis)

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GAEL GAEL GAEL!

Parmi les films hors compétition présentés par le FC3A, on pourra notamment voir le premier long métrage de Gael García Bernal à titre de réalisateur. Le jeune acteur mexicain, qu’on a pu découvrir dans Amores Perros d’Iñárritu – cinéaste avec lequel il renouait récemment pour Babel -, avant de le retrouver dans Y tu Mamá también de Cuarón, Diarios de Motocicleta de Salles et La Mala Educación d’Almodóvar, entre autres, s’y met lui-même en scène dans le rôle d’un fils de riche plutôt détestable qui donne une fête chez son père. Adaptation de la série télé mexicaine Ruta 32, Deficit, qui concourait pour la Caméra d’or lors de la dernière Semaine de la critique à Cannes – dont Bernal était d’ailleurs l’ambassadeur -, se sert de cette toile de fond pour mettre en lumière les injustices sociales faisant rage dans ce pays. (J. Ouellet)

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DANS LA TÊTE DE DAVID LYNCH

D’Eraserhead à Mulholland Drive en passant, entre autres, par les Blue Velvet, Wild at Heart et Twin Peaks (la série télévisée et le long métrage), David Lynch est l’auteur d’une filmographie inquiétante, mystérieuse, violente et parfois loufoque. Véritable ovni dans le paysage cinématographique américain, le réalisateur s’est livré tout entier à l’équipe du documentaire intitulé Lynch, qui suit le singulier personnage à l’époque du tournage de son plus récent essai, Inland Empire. Un film prometteur qui devrait permettre de mieux apprécier le travail de cet artiste polyvalent (il est aussi peintre et sculpteur), sans doute aussi excentrique que l’oeuvre qu’il construit au gré des délires que lui dicte un imaginaire débridé, mais aussi troublant. (D. Desjardins)