Sam Dunn et Scot McFadyen : Planète métal
Sam Dunn et Scot McFadyen, les réalisateurs de Metal: A Headbanger’s Journey, reviennent à leur sujet de prédilection avec Global Metal. Face cachée de la mondialisation.
Dans Metal: A Headbanger’s Journey, Sam Dunn, amateur de métal devenu anthropologue, nous conviait à une véritable quête autour de ce style musical, donnant enfin une voix articulée à ses fans, tout en nous introduisant à un univers fascinant. Mais voilà que, après la sortie de ce premier documentaire, Scot McFadyen et lui se sont mis à recevoir des courriels de gens de partout, faisant état de la scène métal chez eux et leur demandant pourquoi ils n’en avaient pas parlé. "Nous avons réalisé que Headbanger’s focalisait sur les débuts de cette musique en Europe et en Amérique du Nord, se rappelle Scot. Et nous avons pensé qu’il pourrait être intéressant d’étudier l’influence qu’elle a eue dans d’autres pays." "Pour Headbanger’s, nous étions des fans, alors nous connaissions déjà les groupes importants, tandis que cette fois, on ne savait pas grand-chose sur le métal dans ces régions. Nous avons donc dû nous atteler à Internet, passer des coups de fil et envoyer des courriels pour en apprendre davantage, poursuit Sam. Nous avons commencé avec une liste d’une trentaine de places qui nous intéressaient et, graduellement, nous avons réduit leur nombre à sept [Brésil, Japon, Inde, Chine, Indonésie, Israël, Iran], que nous avons choisies parce qu’il nous semblait y avoir différentes histoires à raconter quant à la manière dont le métal a émergé dans ces pays et ce qu’il signifie pour les gens qui y vivent." "Nous amenons les spectateurs complètement ailleurs, observe Scot. Il y a tellement de matière là-dedans; la politique, la musique, la culture de ces gens. Je crois que ça ouvre les yeux sur ce qui se passe dans le monde."
TROUVAILLES DE RECHERCHE
Autant dire que leurs quelque quatre mois de tournage autour de la planète ont nécessité un imposant travail de recherche. "Nous avons appris que, dans des places comme l’Indonésie, le métal est une musique très politique, indique Sam. Là, un groupe comme Sepultura du Brésil, qui chante ce que c’est que de grandir dans la rue, est vraiment important pour les jeunes." Dans un même ordre d’idées, Scot ajoute: "Il y a toutes sortes de suppositions quant à la manière dont le métal est arrivé en Chine, alors on a été amusés d’apprendre que c’est un groupe formé par un Américain allé s’installer là-bas qui a conquis environ 80 % des fans de ce pays." "Aussi, nous avons été surpris par les amateurs du Moyen-Orient et tout ce qu’ils ont dû endurer pour leur passion, renchérit Sam. Par exemple, être arrêtés et détenus par la police et les autorités religieuses, simplement pour avoir porté un t-shirt métal. Ces histoires nous ont fait réaliser combien il était risqué d’être un fan de ce genre musical dans cette partie du monde. Nous voulions amener le public où il n’avait jamais été et lui apprendre quelque chose sur ces gens et ces cultures ainsi que sur la manière dont une musique née à l’Ouest est devenue globale. Je crois que nous avons fait beaucoup de découvertes en ce sens."
VISION MONDIALE
Un exotisme qui n’est pas sans caractériser l’aspect l’esthétique du film. "Nous avons visité tellement de places différentes; nous voulions que le spectateur ait l’impression d’être là avec nous, affirme Sam. Nous avons donc cherché à saisir visuellement ce que c’était de se trouver dans ces endroits. Aussi, en ce qui a trait au son, il était important pour nous de non seulement faire entendre le métal joué dans ces pays, mais aussi de rendre l’impression qu’on a lorsqu’on se tient dans une rue de Mumbai, de Jakarta ou de Beijing." En résultent des contrastes aussi étonnants que ceux qui existent entre certains des faits présentés et nos vieux préjugés. "Notre but comme documentaristes est d’ouvrir une nouvelle perspective sur un sujet qu’on croit connaître et sur lequel on a déjà une opinion, explique Scot. Quand on dit "mondialisation", on a tendance à penser à l’économie, au fast-food, aux films hollywoodiens… Ça a une connotation très négative. Mais quand on regarde la manière dont la musique se répand à travers le monde, c’est quelque chose qui peut avoir des effets positifs sur la vie des gens. Alors on voulait montrer qu’il y a d’autres façons de voir la mondialisation." Quant à l’idée de réserver la première canadienne pour la Vieille Capitale? "Nous nous demandions récemment quelle ville comptait le plus de fans de métal per capita. Nous hésitions entre Bergen, en Norvège, et Québec", lance Sam. C’est tout dire. Et à en juger par l’accueil réservé à Headbanger’s il y a quelques années, parions qu’ils ne regretteront pas leur choix.
Le 27 mars à 21h30 et le 28 mars à 16h45
À Place Charest
Dans le cadre du FC3A
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En salle dès le 2 mai