Bosta : L'autobus du show-business
Cinéma

Bosta : L’autobus du show-business

Bosta, de Philippe Aractingi, est le plus grand succès du cinéma libanais.

À défaut de connaître un printemps digne de ce nom, les cinéphiles québécois peuvent heureusement se rabattre ces jours-ci sur la chaleur et la joie de vivre qui se dégagent du cinéma libanais puisque, coup sur coup, le savoureux Caramel, de et avec Nadine Labaki, et Bosta, de Philippe Aractingi et avec… Nadine Labaki, prennent d’assaut nos écrans.

Croisement par moments laborieux mais néanmoins festif entre le road movie et la comédie musicale à saveur sociale, Bosta, signifiant "autobus" en arabe, nous entraîne sur les routes du Liban, où défilent plusieurs édifices portant les traces de la guerre de 1975 (d’autres ont disparu depuis le tournage…), à bord d’un vieux bus en compagnie d’une troupe de jeunes danseurs de dabké, danse traditionnelle qu’ils ont remaniée au goût du jour, au grand dam du jury d’un important festival de dabké. Se lancera à leurs trousses une jeune journaliste (Rana Alamudin Karam), plus intéressée par le tourmenté Kamal (Rodney Hel Haddad), chef de la troupe, et ses cotes d’écoute que par le combat entre modernité et tradition.

Rompu à l’exercice du documentaire, le réalisateur illustre à travers les retrouvailles des membres de cette troupe, véritable microcosme où évoluent hommes, femmes, chrétiens, musulmans, hétéros et homos, qui ne s’étaient pas revus depuis 15 ans, l’histoire d’un peuple qui souhaite aller de l’avant sans pour autant renier le passé, lequel fait encore mal et se révèle lourd à porter.

Grâce à son attachante galerie de personnages colorés, telles cette rigolote enrobée (Liliane Nemri), cette diva rousse (Nada Abou Farhat) et cette discrète ténébreuse (Labaki), Bosta séduit par sa bonne humeur et la légèreté avec laquelle il aborde les sujets graves et se moque de la manipulation des médias. De toute évidence, Aractingi n’a pas voulu que le public se prenne la tête, et c’est sans doute ce qui explique le grand succès du film au box-office lors de sa sortie au Liban en 2006.

Si l’ensemble paraît parfois brouillon et convenu avec ses sauts maladroits dans le temps, ses histoires d’amour télégraphiées et ses numéros de danse d’un kitsch irrésistible évoquant le faste bollywoodien, force est de constater que le courant passe de l’écran au spectateur, qui n’aura d’autre envie que de taper du pied ou de se laisser emporter par ces airs arabisants nappés de sauce techno.

À voir si vous aimez /
Caramel de Nadine Labaki; The Adventures of Priscilla, Queen of the Desert de Stephen Elliott; Fame d’Alan Parker