Michel Boujenah : Les copains d’abord
Dans 3 amis, Michel Boujenah explore le thème de l’amitié. Entretien avec le sympathique réalisateur lors de son passage à Juste pour rire l’été dernier.
Amis depuis l’orphelinat, Claire (Mathilde Seigner), Baptiste (Kad Merad) et César (Pascal Elbé) voient leur relation mise à rude épreuve lorsque la femme de Baptiste claque la porte. Claire et César tenteront d’aider Baptiste à surmonter sa peine, mais comme l’illustre 3 amis, avec des amis comme ceux-là, pas besoin d’ennemis…
Après avoir traité des liens familiaux dans Père et fils, son premier long métrage, Michel Boujenah souhaitait aborder l’amitié. Toutefois, lorsqu’il l’a annoncé à son co-scénariste, Pascal Elbé, et aux producteurs de Gaumont, la réaction n’a pas été des plus enthousiastes: "C’est curieux, ce n’est pas tombé à plat, mais c’est comme si on ne m’avait pas entendu. Pascal m’a fait une bonne remarque en me disant que tout parle d’amitié. Rio Bravo, L’Homme qui tua Liberty Valence, L’Épouvantail parlent d’amitié. Je lui ai répondu que tous ces films se servent de l’amitié pour parler d’autre chose."
Après de nombreuses discussions avec Elbé, Boujenah a fini par le convaincre de le suivre dans ce projet: "On s’est rendu compte qu’au cinéma, on parlait beaucoup des copains sans parler d’amitié, qui est un sujet super grave mais pas forcément spectaculaire. Le Déclin de l’empire américain, c’est un vrai film sur l’amitié, mais son vrai sujet, pas loin de celui de Vincent, François, Paul et les autres, c’est le portrait d’une époque et d’un milieu social. Quand on me demandait ce que je voulais faire, je répondais: moi, je veux faire un film de Claude Sautet mais drôle."
POUR UNE DERNIÈRE FOIS
Dans 3 amis, Philippe Noiret incarne son dernier rôle. Michel Boujenah se souvient avec émotion du regretté comédien: "Il y a un passage de relais dans le film entre deux générations d’acteurs. Faire un film sur l’amitié sans Philippe, alors qu’il avait encore envie de tourner, il n’en était pas question. C’est même lui qui m’a dit d’écrire dans le générique "avec Philippe Noiret qui passait par là". Il l’a fait juste parce qu’il nous aimait; j’aurais pu intituler le film Juste parce qu’on s’aime. C’est terrible, je n’arrive pas à m’habituer à parler de lui au passé; il me manque beaucoup. C’était un grand monsieur, la classe incarnée."