Rois de la rue : Les ripoux
Cinéma

Rois de la rue : Les ripoux

Dans Rois de la rue, de David Ayer, les criminels sont hors de contrôle, mais les policiers sont encore pire.

Tel un Dirty Harry du 21e siècle, Tom Ludlow (Keanu Reeves) est un policier qui n’hésite pas à contourner les procédures et à se faire juge, jury et bourreau. Après de nombreuses années de ce régime approuvé tacitement par son supérieur (Forest Whitaker), il se heurte au commissaire aux affaires internes (Hugh Laurie), qui est bien décidé à faire le ménage dans le département, où la corruption et les manques à l’éthique pullulent. Ludlow croit avoir été dénoncé par son ancien partenaire mais, avant qu’il puisse le confronter à ce sujet, ce dernier est abattu par des membres d’un gang de rue (les rappeurs Common et The Game)…

Comme dans Harsh Times, le film précédent de David Ayer, on découvre dans Rois de la rue un Los Angeles contemporain semblable au Far West, la ville y étant le théâtre d’incessantes éruptions de violence. Le cinéaste, à qui l’on doit aussi le scénario du tout aussi excessif Training Day, affirme à qui veut l’entendre qu’il a lui-même grandi dans un quartier chaud de L.A. et que sa "vision artistique" n’est que le reflet de ce qui s’y passe; avec Rois de la rue, on a cependant davantage l’impression de se retrouver dans un film d’action débile que devant un portrait réaliste du chaos urbain.

Si l’on ignore toute notion de vraisemblance, les nombreuses altercations brutales et fusillades qu’on retrouve dans Rois de la rue sont indéniablement intenses, et la réalisation d’Ayer est musclée à souhait. Or, au lieu de s’en tenir à cela, le film se prend beaucoup trop au sérieux et semble convaincu d’avoir un message profond à transmettre à propos du maintien de l’ordre et de la corruption. Mais, malgré le fait que James Ellroy soit l’un des trois scénaristes crédités au générique et qu’on remarque quelques échos narratifs, on est bien loin de L.A. Confidential.

Harsh Times possédait plusieurs des défauts du nouveau film d’Ayer, mais il était élevé par la performance explosive de Christian Bale. Avons-nous besoin de préciser que, tel qu’interprété par Keanu Reeves, le protagoniste est cette fois beaucoup moins convaincant? À ses côtés, Forest Whitaker et Hugh Laurie se démènent comme ils peuvent dans des rôles ingrats, mais ceci ne suffit pas à sauver l’ensemble.

À voir si vous aimez /
Training Day d’Antoine Fuqua, Harsh Times de David Ayer, Shaft de John Singleton