Iron Man : Métal hurlant
Dans Iron Man, de Jon Favreau, Robert Downey Jr. se glisse dans la peau de Tony Stark et l’armure du super-héros de son enfance.
Tony Stark, alter ego d’Iron Man, est né dans l’univers de Marvel en 1963. D’après le récit originel, c’était un être humain de sexe masculin normal, quoique très intelligent. Millionnaire, industriel, inventeur, fabricant d’armes et play-boy de son état, il vendait des armes pour le compte de la Stark Industries dans le Vietnam du Sud lorsqu’il fut enlevé par des guérilleros et reçut un éclat d’obus tout près du coeur.
Dans la version de 2008, c’est un guerrier afghan qui le kidnappe et l’amène dans sa grotte afin qu’il fabrique des armes pour les forces du mal plutôt que pour le bon camp, c’est-à-dire l’armée américaine. Stark, maintenant muni d’un aimant dans la poitrine pour se garder en vie (on vous épargne les détails), confectionne un super-costume puis s’échappe.
De retour à Malibu, il constate les erreurs de son passé. Désormais, la Stark Industries ne fera plus d’armes pour le compte du gouvernement américain. Désormais, Stark n’a qu’un seul but: concevoir l’armure d’Iron Man afin de détruire toutes les armes qu’il a fabriquées et, du coup, sauver le monde.
"Avec Marvel, il y a vraiment une attention, une affection et un souci pour le produit, explique Jon Favreau (Swingers, Elf), rencontré au Waldorf=Astoria de New York, et je ne crois pas que cela existait dans le partenariat avec les plus gros studios. Fox pouvait transformer Galactus en un nuage et se ficher de ce que les fans allaient en penser. Puisque c’est Marvel, je sentais que nous devions prendre en considération le matériel original. Je voulais aussi faire un film rentable pour ceux qui ont misé sur moi pour leur premier gros film; je voulais que cela soit bien fait afin de pouvoir faire d’autres films du genre."
Le réalisateur poursuit: "On m’a donné carte blanche pour le casting… mais il y a eu beaucoup de résistance à propos de Robert Downey Jr. On m’a répondu un gros "non". On voulait un jeune nouveau venu, pas cher, malléable, sans expérience ni histoire afin que le film soit identifié à Iron Man. Je me suis battu bec et ongles, et finalement, Downey a accepté de passer une audition. J’aime le fait qu’il est toujours bon, drôle et qu’il possède ce sens de l’humour subversif propre à Tony Stark et à moi-même. C’est un improvisateur, et voyez les acteurs qui ont voulu travailler avec lui!"
De fait, Iron Man compte dans ses rangs un bataillon de stars de gros calibre tels Gwyneth Paltrow, Jeff Bridges et Terrence Howard, qui ont tous bien joué sous la direction humaniste et subversive d’un homme réputé pour lancer des répliques qui tuent plus souvent qu’à son tour.
"Je sentais que Downey ajouterait de la dimension au rôle, et peu importe que les gens voient son passé d’un mauvais oeil, pour moi, cela indique qui est Tony Stark aujourd’hui et connecte totalement avec tout ce qu’il a vécu durant les 40 années de parution des bédés. Ainsi, les fans allaient l’aimer parce que Downey s’avère un choix audacieux et qu’il s’agit du seul rôle de super-héros qu’il pouvait incarner."
L’HOMME AU MASQUE DE FER
En dépit de sa mise en nomination comme meilleur acteur pour Chaplin et de ses rôles mémorables dans Natural Born Killers et Wonder Boys, Robert Downey Jr., sobre depuis 2003, a passé plus du quart de ses quelque 40 années d’existence à être plus connu pour ses déboires avec la drogue, ses démêlés avec la justice et son temps derrière les barreaux hautement médiatisés que pour sa dévotion à son art, et ce, bien que ses pairs continuent à le considérer comme l’un des meilleurs acteurs de sa génération.
Qui donc aurait mieux incarné que Downey un homme dont le talent l’amena à la destruction jusqu’à ce qu’une épiphanie l’entraîne à mettre son génie au service du Bien? Voilà une leçon que les parents peuvent servir à leurs enfants en les emmenant au cinéma: "Sans drogue, tu peux tout faire, devenir Iron Man et sauver le monde!"
"Favreau et moi sommes des pères de famille sérieux, confie l’acteur en s’allumant une cigarette. Nous avons l’impression de faire comme dans La Marche de l’empereur: nous essayons de pondre notre oeuf, de le prendre et de le porter sur une distance de 80 kilomètres. Je pense que l’une des choses les plus cool à propos de cette expérience, dans laquelle nous nous sommes embarqués pour le trip, l’argent, le plaisir, le costume, les images de synthèse, les explosions et toute la machinerie, c’est que nous menions une existence monacale et disciplinée durant le tournage afin qu’au moment crucial, nous puissions insuffler un certain réalisme à notre énergie et à notre sens de l’humour."
En souriant, l’acteur ajoute: "Lorsque nous avons présenté quatre minutes d’extraits d’Iron Man au Comic-Con, c’était la folie chez les fans. Il semble donc que nos instincts étaient bons."
Cet été, Downey sera d’un autre gros film très attendu, la satire de film de guerre de Ben Stiller, Tropic Thunder, où il incarne aux côtés de Stiller, de Steve Coogan et de Jack Black un soldat afro-américain (!). Pour Downey Jr., il semble tout naturel qu’après avoir tourné son premier blockbuster, il se retrouve… dans un second blockbuster.
"Les maths sont binaires, mais les 1 et les 0 s’alignent souvent de différentes façons, à tel point que lorsque tu penses à ce que tu devrais faire après l’un des rôles les plus gros et exigeants de ta carrière, tente d’expliquer l’acteur, tu te dis que tu devrais te reposer. Je savais qu’Iron Man allait frapper si fort que la meilleure chose pour moi serait probablement d’endosser un autre gros rôle. Mais je ne voulais pas cela. Je ne veux pas travailler pour gagner ma vie, je veux que quelqu’un me fasse un don: "Nous pensons que vous êtes un artiste très doué, et nous voulons vous donner 300 000 dollars par année pour être, je ne sais pas, un sculpteur.""