Mère sur prise : Survivre à sa mère
Mère sur prise marque les débuts de l’actrice Helen Hunt derrière la caméra.
Il y a quelques semaines, Micheline Lanctôt affirmait à la télé qu’elle en était réduite à écrire ses propres rôles puisque, en raison de son âge et surtout du fait qu’elle refusait de passer sous le bistouri et de cacher ses cheveux gris, plus personne (ou presque) ne lui offrait de rôles. Si l’on se fie à ce que l’on voit au cinéma depuis quelques années, elles sont bien rares, les actrices qui résistent aussi ardemment et courageusement à l’appel de la jeunesse éternelle du côté de Hollywood. C’est sans doute pour cela que le choc est si grand de voir Helen Hunt, 45 ans, offrir son visage sans artifice ni maquillage à la caméra dans sa première réalisation, Mère sur prise.
Star de la télé dans les années 90 grâce à la sitcom Mad About You, dont elle a dirigé quatre épisodes, Hunt a vu son étoile pâlir au tournant des années 2000, soit peu après avoir brillé quelque temps au grand écran (Twister, As Good As It Gets). Avec Alice Arlen et Victor Levin, elle s’est donc taillé un rôle sur mesure, celui d’April Epner, enseignante jusque-là sans histoire qui, peu après la mort de sa mère et le départ de son conjoint (Matthew Broderick, énervant), voit apparaître dans sa vie Bernice Graves (Bette Midler, égale à elle-même et le visage ravagé par la chirurgie), flamboyante animatrice de télé prétendant être sa mère biologique. Au même moment, un père de famille monoparentale (Colin Firth, hystérique) lui fait les yeux doux.
Évidemment, April n’aura pas le coup de foudre filial pour Bernice et durant tout le récit, les scénaristes exploiteront de façon bien appliquée les thèmes des tensions mère-fille, de la maternité tardive, de la difficulté de vieillir (chez les femmes) et de l’amour après 40 ans. Certes, il y a un peu d’humour dans tout cela, quelques bonnes répliques, lesquelles empêchent de faire sombrer Mère sur prise dans une épaisse soupe au goût amer.
Quant à la réalisation de Helen Hunt, avouons poliment qu’elle démontre peu d’ambition. Impossible de dire qu’il n’y a pas là-dedans une once de sincérité dans cette volonté d’illustrer un personnage féminin dans toute sa vulnérabilité. Toutefois, la modestie et le caractère inabouti de Mère sur prise risquent de le condamner à l’oubli.
À voir si vous aimez /
Postcards from the Edge de Mike Nichols, Le Secret de ma mère de Ghyslaine Côté, Surviving My Mother d’Émile Gaudreault