Les plus beaux yeux du monde : Faire son cinéma
Cinéma

Les plus beaux yeux du monde : Faire son cinéma

Avec Les plus beaux yeux du monde, Charlotte Laurier met en scène son propre retour au cinéma après 10 ans d’absence du grand écran.

"J’ai voulu marquer mon retour", affirme sans détour Charlotte Laurier lors d’un entretien qu’elle nous a accordé pendant les derniers Rendez-vous du cinéma québécois, faisant référence à son premier long métrage en tant que réalisatrice. Non pas que l’artiste ait chômé ces dernières années, occupée qu’elle était à créer et mettre en scène les pièces Capharnaüm et Autopsie femme, mais il est vrai que ça faisait longtemps qu’on ne l’avait pas vue au grand écran. "C’est l’actrice qui a voulu revenir, poursuit Laurier, parce que ça faisait 10 ans que je n’avais pas fait de cinéma, depuis 2 secondes en 1998."

Plutôt qu’attendre qu’un cinéaste lui propose un nouveau rôle, elle s’est donc elle-même offert celui de Marion, la protagoniste de Les plus beaux yeux du monde, film qu’elle a écrit, réalisé et produit en plus d’y jouer. Un film 100 % indépendant, souligne-t-elle: "C’est une oeuvre artisanale; ça, je tiens vraiment à le dire. C’est une approche très minimaliste… On est allés à l’essentiel. Je n’ai pas eu peur d’aller dans quelque chose de très épuré."

Pour mener à terme le projet, Laurier a pu compter sur ses proches, notamment son mari Pascal Courchesne, qui a coproduit, coréalisé et assuré la direction photo du film, et leurs filles Pialli, Carlotta et Stella Courchesne-Laurier, qui interprètent respectivement Marion enfant et les filles de cette dernière. "J’ai voulu faire vivre cette expérience-là à mes filles; j’ai voulu leur faire partager un métier que j’ai connu toute jeune, et peut-être redécouvrir ça avec elles", confie celle qui fut l’inoubliable petite Manon des Bons débarras.

Les plus beaux yeux du monde possède inévitablement une dimension très personnelle mais, en même temps, on y sent une volonté d’aller ailleurs et d’explorer. "J’avais comme le goût d’éloigner les frontières. Des fois, t’as le goût de basculer dans quelque chose que tu ne connais pas de toi… De façon très modeste, je voulais qu’il y ait quelque chose de singulier à mon film, quelque chose d’inhabituel. C’est un film qui est fait avec les moyens du bord, mais qui existe en soi", conclut Laurier.

À voir si vous aimez /
Le bonheur c’est une chanson triste de François Delisle, les films de Carole Laure

ooo

LES PLUS BEAUX YEUX DU MONDE

Une ancienne ballerine française, qui s’est bâti une vie heureuse au Québec, décide un jour d’abandonner mari et filles pour aller vendre des hot-dogs, baiser un motard, errer dans les bois, aller à New York… Désordonné, fastidieux et affecté, ce premier long métrage de Charlotte Laurier est une autre de ces histoires de femme en crise existentielle qui tournent à vide. Comme actrice, le talent de Laurier est indéniable (quoique l’accent français qu’elle adopte ici pourrait agacer certains), mais comme cinéaste, on repassera.