The Strangers : Bas les masques!
Dans The Strangers, de Bryan Bertino, un jeune couple passe une nuit fatale.
Pour éprouver un quelconque frisson devant ce premier long métrage de Bryan Bertino, il faudra soit n’avoir jamais vu de film d’horreur de sa vie, soit être hypersensible aux effets-chocs convenus, ou ne pas avoir fermé l’oeil la nuit d’avant, ou encore avoir subi un réel traumatisme un soir d’Halloween.
Quiconque ne correspondant à aucune de ces catégories en sera quitte pour se demander comment on peut produire pareille ineptie et, plus encore, comment on peut crier comme une hystérique devant pareil film sans surprise.
Mais que raconte donc ce truc bête et sans intérêt qui marque le retour navrant de la pauvre Liv Tyler devant la caméra? Annonçant pompeusement être basé sur des événements vécus, comme si cela ajoutait à la qualité ou à la crédibilité du récit, The Strangers met en scène un jeune couple (Tyler et Scott Speedman) qui reçoit en pleine nuit la visite de trois étrangers masqués (Gemma Ward, Kip Weeks et Laura Margolis) dont le seul but est de tuer.
Remake du thriller Ils de Palud et Moreau, également censé être basé sur un fait divers? Non; d’ailleurs, déjà que celui-ci ne cassait pas la baraque, il eût été stupide d’y gaspiller davantage de pellicule. Remake (du remake) de Funny Games de Haneke, alors?
Que nenni! Car si le génial réalisateur autrichien critiquait, à travers cette cruelle histoire d’invasion domiciliaire, l’exploitation de la violence au cinéma en s’amusant férocement avec le spectateur et les codes propres au genre, Bertino n’y va que d’une plate narration.
Tout au plus essaie-t-il d’installer un climat de sourde angoisse en faisant apparaître en catimini, un à un, les assassins et en faisant entendre çà et là un bruit inquiétant. Aussi tente-t-il assez d’établir un lien de connivence entre le couple et le public en exposant laborieusement que celui-ci est au bord de la rupture.
Toutefois, de faire connaissance plus amplement avec les futures victimes éveille peu d’empathie puisque Tyler et Speedman jouent avec peu de conviction, la première se contentant d’écarquiller les yeux comme une biche farouche et de hurler sur commande, le second ne faisant finalement pas grand-chose. Pour ajouter au ridicule de l’exercice, The Strangers se termine sur un plan se voulant sans doute terrifiant, mais qui se révèle absolument gratuit et risible.
À voir si vous aimez /
Ils de David Moreau et Xavier Palud, Haute Tension d’Alexandre Aja