When Did You Last See Your Father? : Le secret de mon père
Dans When Did You Last See Your Father?, d’Anand Tucker, un écrivain tente de se rapprocher de son père à l’agonie.
À observer la mise en scène appuyée de When Did You Last See Your Father, d’après les mémoires de l’auteur Blake Morrison, force est de se demander si Anand Tucker (Hilary and Jackie, Shopgirl) avait réellement confiance en David Nichols qui en signe le scénario. Alors que les acteurs, dont Juliet Stevenson en épouse et mère compréhensive, offrent une interprétation intériorisée et nuancée, le réalisateur se complaît à souligner avec emphase chaque élément dramatique comme s’il voulait s’assurer que le plus dur des spectateurs verse une larme ou deux avant que débute le générique. Peine perdue, car à force d’en donner plus que le client en demande, le metteur en scène récoltera davantage de soupirs d’exaspération que des sanglots étouffés.
Campé au tournant des années 1990, au moment où Blake (Colin Firth) apprend que son père Arthur (Jim Broadbent), qui l’a tant embarrassé et écrasé sans le vouloir durant son enfance et son adolescence, n’en a plus pour longtemps à vivre, When Did You Last See Your Father? se promène non sans lourdeur de la fin des années 1950, où l’on retrouve Blake à huit ans (Bradley Johnson) jusqu’au coeur des années 1960, où Blake vit sa crise d’adolescence (Matthew Beard). Chacun de ces voyages dans le temps croulera sous une forte dose de nostalgie, et pourtant, Blake n’a pas que de bons souvenirs de jeunesse. Parvenu à l’âge adulte, il doute encore de la nature des liens qu’Arthur entretenait avec sa tante Beaty (Sarah Lancashire) et son premier amour, leur jeune servante écossaise (Elaine Cassidy).
À quelques reprises, on en sera quitte pour respirer à pleins poumons l’air de la campagne anglaise, mais trop souvent, Tucker se contentera d’aligner les uns à la suite des autres d’étouffants huis clos où les personnages, en plus de se retrouver à l’étroit dans le cadre, verront leur image multipliée dans le reflet d’une glace ou d’une fenêtre. Comme métaphore de la force des liens familiaux, on aura déjà vu plus subtil. Enfin, si le scénario de Nichols, de même que le jeu de Firth et Broadbent, en révèle beaucoup sur les sentiments d’amour-haine que ressent Blake pour son père, la réalisation de Tucker menace à tout moment de briser le fragile équilibre entre le drame prenant et le mélo larmoyant.
À voir si vous aimez /
Hilary and Jackie d’Anand Tucker, Big Fish de Tim Burton, La Vie avec mon père de Sébastien Rose