Mongol : Le premier empereur
Cinéma

Mongol : Le premier empereur

Mongol, de Sergei Bodrov, relate l’ascension de Gengis Khan.

Finaliste dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère à la dernière remise des Oscars, Mongol de Sergei Bodrov (Le Prisonnier du Caucase) n’est certes pas à la hauteur de ses ambitions et encore moins à celle du personnage qu’il dépeint, c’est-à-dire le premier empereur de Mongolie, Gengis Khan (le Johnny Depp japonais Tadanobu Asano, correct), dont l’empire s’étendait sur presque toute l’Asie.

Difficile de deviner la grandeur et le mérite de ce conquérant stratégique et sanguinaire que fut Gengis Khan dans cette évocation vague et laborieuse de son destin où le réalisateur perd presque la moitié de son film à le présenter dans son enfance, au moment où il s’appelle Temudgin et se choisit une épouse, Borte (la superbe Khulan Chuluun), dans le clan des Khongirats, ce qui provoquera la colère des Merkits. Quelques années plus tard, ce sera au tour de la femme de Temudgin d’être enlevée par le clan merkit. Pour l’en délivrer, le futur empereur comptera sur son frère de sang Jamukha (Honglei Sun, truculent). Racontées ainsi, on serait porté à croire que les conquêtes territoriales du légendaire guerrier aient eu plus à voir avec ses problèmes conjugaux qu’avec son ambition d’unifier les tribus turques et mongoles.

Si Bodrov et son coscénariste Arif Aliyev ne lésinent pas sur la jeunesse du héros, ceux-ci multiplieront par la suite, avec plus ou moins de bonheur, les ellipses pour raconter ses premiers faits et gestes. Ce qui, du coup, donnera l’impression que le projectionniste dort au gaz ou que le scénario de ce pompeux drame épique possède plus de trous qu’un morceau d’emmenthal.

Ainsi, encore moins que sur ses exploits sur le terrain, illustrés par quelques scènes de combats montées sans finesse où gicle le sang numérique, lesquelles laisseront plus d’un amateur de bonnes grosses batailles bien sanglantes sur son appétit, on en connaîtra bien peu sur les idées politiques de Gengis Khan. De fait, les rares dialogues nous laisseront savoir qu’il avait le sens de l’honneur et de la famille, qu’il avait aussi la tête dure et la mémoire longue. Oui, mais encore? Pour en savoir plus, il faudra se référer aux manuels d’histoire… ou attendre un biopic moins superficiel.

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Genghis Khan de Henry Levin, Alexander d’Oliver Stone, King Arthur d’Antoine Fuqua