Hellboy II: L’Armée d’or : Horreurs et merveilles
Hellboy II: L’Armée d’or est un heureux compromis entre l’imaginaire débridé de Guillermo del Toro et les contraintes des blockbusters hollywoodiens.
Dans le premier Hellboy (et dans Blade II auparavant), Guillermo del Toro, brillant cinéaste mexicain à qui l’on doit des chefs-d’oeuvre tels que L’Échine du diable et Le Labyrinthe de Pan, s’effaçait quelque peu au contact de la grosse machine hollywoodienne, se pliant aux contraintes reliées à la réalisation de films d’action à gros budget. S’il paie toujours son tribut au dieu Hollywood dans Hellboy II: L’Armée d’or en lui offrant démesure, tapage et baston, del Toro s’approprie toutefois davantage cette suite, l’ancrant pleinement dans son imaginaire débridé et se permettant même quelques élans de poésie.
Davantage un conte fantastique qu’un film de super-héros conventionnel (une distinction qui s’applique aussi aux bandes dessinées originales de Mike Mignola), The Golden Army établit une mythologie selon laquelle, il y a longtemps, la race humaine et le royaume des elfes ont fait un pacte accordant les villes à la première et les forêts aux seconds. Mais après des siècles pendant lesquels les hommes ont étendu de plus en plus leur empire au détriment de la nature et des créatures merveilleuses qui s’y cachent, le prince Nuada (Luke Goss) a conclu que le traité de paix ne tenait plus et désire maintenant anéantir l’humanité, par l’entremise d’une armée de machines indestructibles…
Comme vous vous en doutez, le seul qui pourra les arrêter est Hellboy (Ron Pearlman), démon aux cornes coupées à l’emploi du Bureau de recherche et de défense sur le paranormal. Impressionnant quand il casse du monstre, le personnage est surtout très drôle et sympathique, particulièrement dans ce deuxième film. Cynique, grognon et généralement plus enclin à fumer un bon cigare et s’envoyer une bière ou douze qu’à aller sauver le monde, Hellboy est, malgré son apparence, foncièrement humain.
Tout aussi amusant et attachant est son ami Abe Sapien (Doug Jones), mutant aquatique aux pouvoirs psychogènes, et la scène où Hellboy et lui se saoulent en écoutant du Barry Manilow (!) est l’un des moments les plus savoureux du film. La trame sentimentale impliquant Liz, la copine pyrokinétique du démon, est toutefois moins prenante, en grande partie parce que, ironiquement, Selma Blair manque de chaleur.
Del Toro peuple par ailleurs son film d’innombrables autres créatures étranges et fascinantes, qu’on pourrait passer des heures à admirer tant le cinéaste leur insuffle de grâce et de lyrisme. Si bien que, lorsqu’elles se mettent inévitablement à se taper dessus, la magie est quelque peu rompue. Hellboy II: L’Armée d’or demeure néanmoins considérablement supérieur à la majorité des blockbusters hollywoodiens.
À voir si vous aimez /
Star Wars de George Lucas, The Lord of the Rings de Peter Jackson, The Fifth Element de Luc Besson