Brideshead Revisited : Une amitié particulière
Brideshead Revisited, de Julian Jarrold, revisite le roman populaire d’Evelyn Waugh.
Retenu pour tourner Harry Potter and the Order of the Phoenix, le réalisateur David Yates, qui avait choisi Paul Bettany, Jennifer Connelly et Jude Law afin d’incarner le trio infernal sorti de l’imaginaire du romancier anglais Evelyn Waugh en 1945, a dû laisser sa place à Julian Jarrold pour l’adaptation au grand écran de Brideshead Revisited. Un mal pour un bien?
Sans doute, puisque la filmographie du réalisateur de Becoming Jane comporte quelques adaptations réussies pour la télé de classiques de la littérature (Crime et Châtiment, Great Expectations). Qui plus est, plutôt que d’exposer des stars en jolis costumes d’époque (et ils le sont ici, de même que les décors), cette adaptation élégante, glaciale et on ne peut plus concise de ce roman, lequel avait fait l’objet d’une somptueuse télésérie de 11 épisodes avec Jeremy Irons, met en vedette trois jeunes acteurs de grand talent encore trop peu connus du grand public.
Durant la Seconde Guerre mondiale, le peintre Charles Ryder (Matthew Goode, vu dans Match Point et qui sera Ozymandias dans le très attendu Watchmen) se retrouve à Brideshead, manoir appartenant à une famille qu’il a bien connue à l’époque où il étudiait à Oxford. Après s’être lié d’amitié avec le fils de la famille, l’excentrique Sebastian Flyte (Ben Wishaw, vu dans Le Parfum), Charles avait flirté avec la soeur de ce dernier, Julia (Hayley Atwell, vue dans Cassandra’s Dream… toujours inédit au Québec), au grand dam de leur mère dévote (Emma Thompson, superbe et flegmatique à souhait), qui n’appréciait pas l’athéisme et la condition modeste de Charles.
Construit en flash-back, à l’instar du roman, Brideshead Revisited captive rapidement puisque l’on voudra connaître les réelles motivations de Charles et que la famille Flyte, dont on rencontrera le patriarche et sa maîtresse (Michael Gambon et Greta Scacchi) lors d’une visite à Venise, pique instantanément la curiosité par son attitude à la fois hautaine et cynique. Hélas, les personnages demeurent opaques jusqu’à la fin du récit, comme si les scénaristes avaient dû évacuer bon nombre d’éléments psychologiques, alors que les rapports de classe et de religion, sujets ô combien riches, sont abordés de façon convenue. Quant à la réalisation, elle s’élève à peine plus haut qu’un téléfilm de luxe, ce qui, franchement, est déjà mieux que tous les films médiocres qui envahissent trop souvent le grand écran.
À voir si vous aimez /
La télésérie Brideshead Revisited de Charles Sturridge et Michael Lindsay-Hogg, Atonement de Joe Wright, Match Point de Woody Allen