Mamma Mia! : Môman!
Mamma Mia!, de Phyllida Lloyd, prend d’assaut le grand écran pour le meilleur et, surtout, pour le pire.
Lancée en avril 1999, la comédie musicale inspirée des chansons d’ABBA Mamma Mia!, de Catherine Johnson, n’est certes pas un chef-d’oeuvre de dramaturgie, mais aurait tout de même mérité qu’un vrai réalisateur s’y colle. De toute évidence, la metteure en scène de théâtre et d’opéra émérite qu’est Phyllida Lloyd ne sait trop que faire avec une caméra. Un petit coup de fil à Julie Taymor (Across the Universe) ou à Baz Luhrmann (Moulin Rouge!) avant le tournage eut été fort utile…
Heureusement pour Lloyd (et pour nous!), les îles grecques où Donna (Meryl Streep) possède une auberge sont d’une beauté à couper le souffle et les chansons signées Benny Andersson et Björn Ulvaeus (avec la collaboration de Stig Andersson pour certaines d’entre elles) demeurent follement irrésistibles quelques décennies après leur création. Entre nous, comment ne pas avoir envie de se lever pour danser dès que Dancing Queen, interprétée ici par Donna, Rosie (hilarante Julie Walters) et Tanya (Christine Baranski, succulente dans Does Your Mother Know), se fait entendre? Si ces trois grâces forment un redoutable trio, on ne pourra pas en dire autant de leur vis-à-vis masculin.
Ainsi, dans les rôles des ex-amants de Donna convoqués par sa fille Sophie (insupportable et maniérée Amanda Seyfried), qui désire enfin connaître lequel des trois est son papa, Pierce Brosnan, Colin Firth et Stellan Skarsgard font pâle figure. Le premier brait comme un âne enrhumé (faut l’entendre massacrer SOS lors d’un duo entre Sam et Donna), le deuxième en fait trop dans la peau du coincé Harry et le troisième a l’air tout à fait absent, même durant Take a Chance on Me où Bill se fait draguer par Rosie.
Enfin, le sourire radieux, l’oeil pétillant, la fabuleuse Meryl Streep s’amuse ferme, son énergie étant si contagieuse qu’elle nous fait presque oublier le statisme de la réalisation, le montage paresseux et les chorégraphies banales. Si elle ne possède pas une grande voix, son talent incomparable suffit pour faire passer toute la gamme d’émotions – avec elle, The Winner Takes it All devient une ballade déchirante… bien qu’elle s’y trémousse un peu trop. Sur ce, afin de préserver de bons souvenirs de Mamma Mia!, vaut mieux se procurer l’indispensable ABBA Gold plutôt que la trame sonore du film.
À voir si vous aimez /
ABBA, My Big Fat Greek Wedding de Joel Zwick, Across the Universe de Julie Taymor