Un été sans point ni coup sûr / Francis Leclerc : Enfants de la balle
Cinéma

Un été sans point ni coup sûr / Francis Leclerc : Enfants de la balle

Un été sans point ni coup sûr, de Francis Leclerc, nous transporte 40 ans en arrière lorsque les petits gars rêvaient de passer la belle saison à se "pitcher" la balle et à courir les sentiers dans un uniforme bleu-blanc-rouge.

Depuis Mémoires affectives, Francis Leclerc s’est présenté là où on ne l’attendait pas. Il a tourné un épisode de la télé-série Nos étés avant de coréaliser le téléfilm Marie-Antoinette avec Yves Simoneau. Voici que le cinéaste se frotte à un autre monde étranger, celui de l’auteur et scénariste Marc Robitaille (voir encadré). "Adapter l’univers de quelqu’un, c’est pas vilain dans la carrière d’un réalisateur, pense Francis Leclerc. Ceux qui ne font qu’écrire et réaliser leurs films sans source d’inspiration extérieure finissent par faire le même film toute leur vie." Si le cinéaste reconnaît que cette façon de faire convient à certains – "pensons à Bergman et à Tarkovski" -, il ajoute qu’un ressourcement peut s’avérer bénéfique. "Je le recommande à n’importe quel cinéaste en panne d’inspiration", indique-t-il.

En lisant le roman de Marc Robitaille, Francis Leclerc a tout de suite "vu" un film, une trame simple, claire, imagée: l’été de ses 12 ans, Martin, un garçon passionné de base-ball, s’éveille au monde qui l’entoure. Le sujet lui parle personnellement.

"Un été sans point ni coup sûr est arrivé dans ma vie à un moment où j’avais envie de faire un film pour mon fils, raconte l’auteur d’Une jeune fille à la fenêtre. Je voulais travailler avec des enfants, filmer une histoire plus légère et me concentrer sur autre chose que ma structure, mes bibittes. Avec un enrobage "année 69/base-ball", d’accord, mais la relation père-fils au coeur de l’histoire m’intéressait énormément. Sans Léo, mon garçon, je n’aurais jamais fait ce film."

PARTI PRIS STYLISTIQUE

Avec son fini old school, la photo d’Un été sans point ni coup sûr renvoie aux vieux films de famille tournés en dilettante au chalet. Le look du film ramène instantanément le spectateur à l’été 69, alors que Neil Armstrong foulait la Lune et les joueurs des Expos, l’herbe du parc Jarry. "J’ai utilisé la vieille caméra Bolex de ma mère, raconte Francis Leclerc. C’est Steve (Asselin, directeur photo) qui a eu l’idée. Il me disait qu’en le faisant de façon trop classique, le film risquait de ressembler à un Conte pour tous!"

Ensuite, avec Jean Babin, directeur artistique, les deux garçons ont convenu que "chaque plan devait donner l’impression d’avoir été fait en 69 puis oublié sur une tablette". Malgré ces contraintes, la facture visuelle du cinéaste et de son metteur en lumière est reconnaissable entre mille. "J’avoue que Steve et moi, on a de la misère à se départir de notre brun, rigole Francis Leclerc, mais on a quand même mis de l’orange et du turquoise dans un même plan pour la première fois!"

En salle le 1er août

ooo

DANS SON LIVRE A LUI

"Le livre a été conçu comme un film, se rappelle Marc Robitaille. En écrivant Un été sans point ni coup sûr, j’avais posé tous les pivots dramatiques nécessaires à la construction d’un long métrage. Il y a tant d’embûches sur la route du cinéma que je me suis dit que je commencerais par le bouquin. Sinon, tel producteur aurait voulu en faire un film de soccer, tel autre aurait voulu en tirer un récit moderne."

Heureusement pour l’auteur, son histoire est tombée dans de bonnes mains. Il s’agissait alors d’en tirer une version adaptable au grand écran, avec tout ce que cela comporte de pirouettes narratives. "Francis (Leclerc), Barbara (Shrier, productrice) et moi, on a beaucoup parlé, explique l’auteur du "conte réaliste" Des histoires d’hiver, avec des rues, des écoles et du hockey. Des personnages se sont transformés, d’autres sont nés. C’était un plaisir de pouvoir continuer l’histoire. Tu dis à l’éditeur: "Ramène-moi le manuscrit, j’ai eu une bonne idée.""

Et la bonne idée, pour Marc Robitaille, consistait à créer un ami et mentor imaginaire pour Martin, une présence qui transcende le réel et campe en quelque sorte le base-baller type. "C’est assez cool de voir Mack Jones, ce joueur noir incarnant le Sud américain, débarquer dans la chambre d’un "ti-pit"." Le regretté porte-couleurs de nos Z’Amours devrait faire une nouvelle apparition… dans le prochain projet d’écriture de Marc Robitaille. "Il s’agit d’un livre retraçant l’histoire des Expos, conçu en collaboration avec le célèbre commentateur Jacques Doucet. Si tout va bien, il devrait voir le jour en 2009." Juste à temps pour souligner le 40e anniversaire de la naissance de l’équipe.