Festival des films du monde : Cinéma à la mi-août
Cinéma

Festival des films du monde : Cinéma à la mi-août

La 32e édition du Festival des films du monde, c’est non seulement une affiche farfelue, mais aussi des centaines de films d’ici et d’ailleurs.

VICKY CRISTINA BARCELONA
(États-Unis, Woody Allen)

Dans cette comédie romantique pétillante, Woody Allen illustre avec bonne humeur et une certaine pudeur ses fantasmes de coquin septuagénaire en s’attachant aux tribulations de deux Américaines en Espagne (Rebecca Hall, attachante, et Scarlett Johansson, plastique). Aux côtés du plus sexy que jamais Javier Bardem, Penélope Cruz, magnifique en amoureuse hystérique, trouve enfin un rôle à la hauteur de son talent dans un film américain. Une jolie carte postale de Barcelone qui fait plaisir à recevoir. Le 23 août. (M. Dumais)

RUMBA
(Belgique, Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy)

Fiona et Dom, couple d’instituteurs passionnés de danse latine, voient leur vie chamboulée par un accident de voiture. Remarquée à Cannes le printemps dernier, cette efficace comédie à l’esthétique bonbon très léchée fait dans le burlesque avec un grand B – on pense à Harold Lloyd, Chaplin, Tati… La prémisse dramatique se prête à un humour assez particulier, qui passe par toute la gamme chromatique avec prédominance pour le jaune et le noir. Les 22 et 24 août. (M. Defoy)

LE VOYAGE AUX PYRÉNÉES
(France, Jean-Marie et Arnaud Larrieu)

S’inspirant de légendes de leurs Pyrénées natales, les réalisateurs du sensuel et décalé Peindre ou faire l’amour signent une comédie loufoque et insolite qui découragera peut-être leurs fans les plus fidèles. Dans les rôles de comédiens célèbres venus soigner la nymphomanie de madame dans les montagnes, Jean-Pierre Darroussin et Sabine Azéma s’amusent comme des gamins en colonie de vacances alors que les Larrieu leur font vivre des aventures bizarroïdes frisant l’absurde. Une curiosité sympathique. Les 24, 25 et 26 août. (M. Dumais)

FOLLE DE DIEU
(Canada, Son Excellence Jean-Daniel Lafond)

Cette docu-fiction est à la fois à propos de la vie de la mystique Marie de l’Incarnation, la fondatrice des Ursulines de Québec, et à propos de l’actrice Marie Tifo se préparant à tenir le rôle de la religieuse avec l’aide de divers intervenants, dont la metteure en scène Lorraine Pintal et la chorégraphe Marie Chouinard. Plutôt intéressant, selon l’intérêt qu’on a pour le sujet. Les 27, 28 et 30 août. (K. Laforest)

MY MAGIC
(Singapour, Eric Khoo)

Campé à Singapour, My Magic s’intéresse aux tribulations d’un alcoolique (Francis Bosco) largué par sa femme qui, pour subvenir aux besoins de son fils de 10 ans, renouera avec son métier de magicien. Tourné en neuf jours, le résultat est un mélo larmoyant, cruel, misérabiliste et hyper télégraphié où Eric Khoo se complaît à montrer Bosco dans des situations peu flatteuses (par exemple, étendu ivre mort dans une flaque de vomi). Pour les amateurs d’avaleurs de feu… Les 26, 27 et 28 août. (M. Dumais)

GROS PLAN SUR NOTHING REALLY MATTERS

Contemplant le suicide en fumant des cigarettes à la chaîne dans son bain, Leo (Yannick Bisson) ressasse le film de sa vie, particulièrement les trois dernières années, lors desquelles il n’a jamais quitté son appartement, par peur d’on ne sait trop quoi. S’il a longtemps pu compter sur le support de sa fiancée Carly (Pascale Bussières), le récent départ de cette dernière l’a plongé dans un profond désespoir…

Pour le réalisateur Jean-Marc Piché, qui cosigne aussi le scénario avec son épouse Catlin Stothers, la situation dans laquelle se retrouve Leo représente en partie comment les gens deviennent de plus en plus individualistes et refermés sur eux-mêmes, n’entrant en contact avec le monde extérieur que virtuellement: "Les gens se font une opinion du monde par rapport à ce qu’ils lisent dans le journal ou voient à la télé, dans leur petit cocon à la maison, même si ça n’a rien à voir avec la réalité. C’est un peu une métaphore de ça."

À la lecture de Nothing Really Matters, Pascale Bussières a été frappée par la richesse et l’originalité du scénario: "C’était une proposition étonnante, avec beaucoup de mots et beaucoup d’idées. C’était très littéraire, et je trouvais que l’idée de ce personnage qui s’enferme pour une raison mystérieuse donnait lieu à un beau huis clos, à quelque chose de très personnel et de peu commun."

Piché, chevronné réalisateur de pubs ayant aussi un film d’action hollywoodien à son actif (The Minion, avec Dolph Lundgren, "un très mauvais film!" au dire de Piché), a tourné Nothing Really Matters en 14 jours, avec un budget d’environ 350 000 $ amassé de façon entièrement indépendante. Bien qu’elle soit habituée aux productions imposantes, Bussières n’a pas hésité à prendre part à ce projet plus modeste: "Mon critère n’est pas industriel. En terme d’investissement, pour moi, c’est le même travail. Que je fasse du cinéma indépendant ou du cinéma mainstream, ma motivation, c’est ce que je trouve à l’intérieur d’un scénario."

Bien que la majorité des scènes soient limitées à un lieu et deux personnages, le film demeure captivant grâce à un récit imprévisible, une mise en scène très stylisée et d’excellentes performances d’acteurs. "Jean-Marc tournait beaucoup en plans-séquences, se rappelle Bussières. Il y avait ce travail sur le temps réel, c’est plutôt rare au cinéma; j’ai fait ça aussi avec Micheline Lanctôt dans son film Suzie, que j’ai tourné tout de suite après."

Comédie noire, histoire d’amour tordue, tragédie? Nothing Really Matters est une oeuvre difficilement classable, ce que Piché assume pleinement: "J’aime les films qui me rendent un peu inconfortable. Je n’aime pas les films qui sont linéaires au niveau des émotions." Selon Bussières, ceci reflète la réalité: "Dans la vie, si on se fie au comportement humain, il y a toutes sortes de façons de réagir à l’énormité. Ça peut être le rire, le cynisme, la violence… Ça peut être des millions d’affaires." Les 23, 24 et 26 août. (K. Laforest)

Jusqu’au 1er septembre
www.ffm-montreal.org