Festival international du film de Toronto (TIFF) : Cap sur la Ville reine
Cinéma

Festival international du film de Toronto (TIFF) : Cap sur la Ville reine

Au Festival international du film de Toronto, ou TIFF, si vous préférez, on n’en a pas que pour le cinéma hollywoodien. Qu’on se le tienne pour dit!

Au cours des dernières semaines, Serge Losique clamait haut et fort qu’à Toronto, on ne connaissait que le cinéma de Hollywood. Évidemment, qui dit TIFF (ou Cannes ou Mostra ou Berlin…) dit stars. Comment y échapper puisqu’il n’y a rien comme les beautiful people pour attirer l’attention médiatique et, du coup, un plus grand nombre de festivaliers dans les salles obscures – et des badauds devant les grands hôtels?

Losique lui-même tentait de nous faire croire que Hollywood se déplaçait à Montréal en rappelant la visite du producteur Alan Ladd Jr., de Tony Curtis et de Marcia Gay Harden. Soit mais personne ne pourra nous faire croire que ces trois-là font courir les foules autant que les Brad Pitt et George Clooney, que l’on verra dans ce qui s’annonce l’une des pièces de résistance du TIFF, la comédie noire d’Ethan et Joel Coen, Burn After Reading, laquelle ouvrait la Mostra et met aussi en vedette Frances McDormand, John Malkovich et Tilda Swinton. Alléchant, n’est-ce pas?

Losique se targuait aussi que son festival était le seul en Amérique du Nord à proposer une compétition officielle. Entre nous, croyez-vous vraiment que c’est ce qui fait frétiller les cinéphiles et trépigner les journalistes? Revenons à nos moutons. Nous disions donc que le TIFF n’en avait pas que pour Hollywood. À l’instar du FFM et de tout autre festival international de films, il se veut une célébration du cinéma en provenance des quatre coins de la planète.

DEUX SOLITUDES

À tout seigneur, tout honneur, le TIFF s’enorgueillit aussi de faire la part belle au cinéma d’ici en présentant en guise de film d’ouverture un long métrage dans l’une ou l’autre des deux langues officielles de ce grand pays où la culture est, une fois de plus, en péril – en 2006, on a même eu droit à un film en inuktitut puisque c’est The Journals of Knud Rasmussen de Norman Cohn et Zacharias Kunuk (Atanarjuat – The Fast Runner) qui ouvrait les festivités.

En juin dernier, alors que les organisateurs du TIFF étaient de passage à Montréal pour rencontrer la presse, le toujours très pertinent journaliste et chroniqueur au Devoir Martin Bilodeau a fait remarquer à ces messieurs que depuis 2003, année où Les Invasions barbares de Denys Arcand était le film d’ouverture, aucun film québécois n’avait eu le privilège d’ouvrir le bal. La réponse fut on ne peut plus évasive et dans les jours qui suivirent, on apprit que le drame de guerre Passchendaele de Paul Gross avait été choisi.

Vous ne connaissez pas Paul Gross? Mais si, voyons, c’est ce beau gosse qui portait très bien l’uniforme de la police montée dans la télésérie Due South (Direction: Sud). Si l’on ne peut juger un livre par sa couverture, on ne peut en faire autant avec la bande annonce d’un film. Cependant, comment résister à l’envie d’écrire que Passchendaele, qui met en vedette Caroline Dhavernas dans le rôle d’une infirmière, semble être une Minute du patrimoine racontée en deux heures?

Lorsqu’on pense que le film de Gross, qui a aussi réalisé le plus qu’ordinaire Men with Brooms (oui, oui, le film sur des gars qui jouent au curling!), a été préféré à C’est pas moi je le jure de Philippe Falardeau (d’après le roman de Bruno Hébert), qui sera sans doute supérieur, la question du confrère Bilodeau mériterait d’être posée à nouveau. Il est vrai que Gross est plus connu à Toronto que le sont Suzanne Clément, Daniel Brière et le nouveau venu Antoine L’Écuyer. Au moins, le TIFF est une belle rampe de lancement pour le troisième film du réalisateur de Congorama. Non, mais vous imaginez le bonheur des cinéphiles s’il avait été présenté avec Next Floor de Denis Villeneuve, qui sera aussi de la partie?

GROS PROGRAMME

Trêve de patriotisme. Voyons ce que propose le festival de Toronto. S’y retrouvent quelques gros canons cannois dont Le Silence de Lorna de Luc et Jean-Pierre Dardenne, Un conte de Noël d’Arnaud Desplechin, Synecdoche, New York de Charlie Kaufman, Linha de Passe de Walter Salles et Daniela Thomas, Trois Singes de Nuri Bilge Ceylan, 24 City de Jia Zhang-ke, Adoration d’Atom Egoyan, etc.

En primeur, l’on verra le western Appaloosa de et avec Ed Harris au côté de Viggo Mortensen et Renée Zellweger, La Fille de Monaco d’Anne Fontaine avec Fabrice Luchini, The Wrestler de Darren Aronofski avec Mickey Rourke, Un barrage contre le Pacifique de Rithy Panh (d’après le magnifique roman de Marguerite Duras) avec Isabelle Huppert et Gaspard Ulliel, le déjà très controversé Martyrs de Pascal Laugier, Plus tard tu comprendras d’Amos Gitai avec Jeanne Moreau, etc. Qui a dit déjà qu’au TIFF, il n’y en avait que pour Hollywood?

Du 4 au 13 septembre
Suivez le blogue Cinémaniaque de Manon Dumais
Programmation: www.tiff08.ca