Festival international d’animation d’Ottawa : Planète animée
Pour une 32e édition tout en rondeurs et en couleurs, le Festival international d’animation d’Ottawa offre la crème de la crème de ce qui peuple la planète dessin animé.
Mélissa Proulx
Deuxième festival d’animation en importance après celui d’Annecy en France, le Festival international d’animation d’Ottawa (FIAO) prépare chaque année un condensé permettant de découvrir les plus palpitantes créations animées mondiales, qu’elles soient récentes ou moins récentes.
Si l’an dernier le film Persepolis de Marjane Satrapi marquait la sélection de films en compétition, cette année, le film Waltz with Bashir ressort clairement du lot. Ce documentaire d’animation relate la quête de son réalisateur israélien Ari Folman, qui cherche à recouvrer la mémoire après avoir servi comme jeune recrue à la guerre. "Après Persepolis, qui était percutant et abordait des questions matures généralement peu traitées en animation, Waltz with Bashir est certainement à surveiller cette année. Un film frappant au penchant politique sur ce qu’était la vie en Israël pendant la guerre du Liban", observe le directeur artistique du FIAO, Chris Robinson.
Quatre autres films lui font compétition, soit Terra, du Montréalais Aristomenis Tsirbas, inspiré de son court métrage du même nom de 2003 racontant l’histoire de Mala et de son peuple dans la conquête d’une nouvelle planète après que les humains aient épuisé les ressources de plusieurs autres; Sita Sings the Blues de l’Étasunienne Nina Paley, une version 2D musicale du poème épique Râmâyana; puis Idiots and Angels de Bill Plympton, une comédie noire muette mettant en scène un salaud notoire qui découvre un matin que des ailes lui poussent dans le dos, le poussant à la bonne action malgré son dédain pour autrui.
De l’avis du directeur, le jury aura grand mal à choisir un lauréat parmi les "fascinants" court métrages en lice: Chainsaw de l’Australien Dennis Tupicoff, Control Master de Run Wrake et Skhizein de Jeremy Clapin. "J’ai aussi été agréablement surpris par la sélection de films expérimentaux, ajoute-t-il. Contrairement au préjugé qui veut que ces films soient prétentieux, les films de cette année sont avenants, novateurs et très drôles", note-t-il.
SOIRÉES MÉTÉORES
Des soirées thématiques sont aussi à l’affiche. Parmi elles: la vitrine "nouvelle vague" d’animation d’auteur du Japon; une rétrospective sur les films d’animation de propagande préparée par Karl Cohen; une soirée d’animation érotique concoctée par le réalisateur ottavien Lee Demarbre; une soirée mettant à l’honneur les films du réalisateur suédois Jonas Odell – "connu pour ses brillants courts métrages, mais aussi pour ses vidéoclips musicaux, qui ont marqué la dernière décennie".
Outre les nombreux visionnements aux quatre coins de la ville, notons que l’événement propose des tables rondes, des ateliers ainsi qu’une série de conférences sur la télévision mettant en vedette Brown Johnson ainsi que l’acteur américain Seth Green et Matt Senreich (tous deux créateurs de la série Robot Chicken). Autre rendez-vous: le réalisateur canadien Richard Williams assistera à la projection de son film Who Framed Roger Rabbit à l’occasion de son 20e anniversaire. Pixar et Disney présenteront pour leur part des making of de leurs dernières réalisations de courts. Une sélection des meilleurs films d’animation issus de la Suisse figure aussi à l’horaire. "Les Suisses ont toujours eu une réputation solide pour l’animation d’auteur. Georges Schwizgebel est considéré comme un grand maître; ses films sont d’une grande beauté. Les techniques et concepts utilisés par les Suisses divergent beaucoup. Cette sélection permettra aux spectateurs d’avoir un aperçu de ce que la Suisse a produit ces 20 dernières années. Je pense qu’ils se surprendront de la qualité de cette production", explique le directeur artistique, qui lancera pendant le festival Looking for a Place to Happen: On the Road with Canadian Animators, ponctué d’entrevues et d’images issues de son voyage à travers le pays à la rencontre de cinéastes d’animation. Une émission en quatre épisodes s’en inspire et permettra aux festivaliers de découvrir cette industrie, de Vancouver à Halifax.
Pour consulter l’horaire complet: www.animationfestival.ca.