Rencontres Internationales du Microcinéma : Faire bien avec rien
Cinéma

Rencontres Internationales du Microcinéma : Faire bien avec rien

La 2e édition des Rencontres Internationales du Microcinéma met à nouveau de l’avant un cinéma pauvre en moyens, mais riche en idées.

Dans le climat actuel, alors que le financement de la culture est remis en question par certains politiciens, les Rencontres Internationales du Microcinéma (RIMC) s’avèrent particulièrement à propos, de par la façon dont cet événement met en valeur le travail de cinéastes passionnés qui tournent des films où l’originalité et l’audace n’ont pas le choix de prendre le dessus sur les artifices hors de prix. Bien sûr, ces derniers aspirent tous à vivre de leur art un jour, mais en attendant que l’argent soit au rendez-vous, faire "bien avec rien", pour reprendre la devise du mouvement Kino, se présente comme une alternative non négligeable, surtout avec l’arrivée récente d’un festival entièrement consacré au microcinéma.

"D’avoir un événement qui sélectionne ton film et qui le présente en salle devant un public, c’est une vitrine incroyable pour un créateur, souligne Kim St-Pierre, une des programmatrices des RIMC. Notre événement inclut aussi une série d’ateliers de formation, puis parallèlement à tout ça, ce qu’on essaie de créer, c’est un rassemblement des gens qui font du microcinéma, afin qu’on se retrouve plus fort à plusieurs."

KINO KABARET

Précédant la naissance des RIMC par plusieurs années, le Kino Kabaret est un événement qui a fait ses preuves et qui occupe donc une place centrale dans le festival. "C’est forcément l’événement qu’on maîtrise le mieux, confirme St-Pierre, parce que c’est une formule qu’on a pu explorer et améliorer au fil des ans. Pour les réalisateurs qui y participent, c’est l’occasion d’avoir des techniciens expérimentés et du matériel gratuit à portée de la main, et surtout un endroit pour diffuser immédiatement ce qu’ils vont avoir tourné en 48 heures. Ce n’est pas dit que les films ne seront pas retravaillés par la suite, mais on a quand même une production brute de microcinéma spontané qui émerge du Kabaret. Ça relève du miracle à chaque soirée!"

MICROBUDGET, LONGS MÉTRAGES

Bien que, pour des raisons évidentes, les cinéastes fauchés se tournent généralement vers le court métrage, certains mettent les bouchées doubles afin de mener à terme des projets de longs métrages tels que Four Eyed Monsters, des Américains Arin Crumley et Suzan Buice, et Bobby, des Québécois François Blouin et Ian Lauzon. "Four Eyed Monsters, explique St-Pierre, c’est un long métrage qui a connu beaucoup de popularité via Internet, mais ça reste un film qui a été fait pour être vu en public, sur grand écran. Pour ce qui est de Bobby, on a là un film qui n’aurait probablement jamais eu de financement, parce que c’est une forme d’ovni dans l’industrie régulière, de par son propos, de par sa mise en scène, de par sa façon de faire jouer les acteurs… Étant donné que ça a été autofinancé, les deux créateurs ont eu complète liberté en faisant ce film-là. C’est vraiment une voix d’auteur unique et indépendante."

JÉSUS DE MONTRÉAL COMMENTÉ EN DIRECT

Une des meilleures idées que les organisateurs des RIMC ont eu cette année est de prendre le concept du commentaire du réalisateur tel qu’on le retrouve sur les DVD et de le recréer en direct. Le premier cinéaste qui aura l’opportunité de tâter de cette formule est nul autre que Denys Arcand, qui démontre incidemment un intérêt pour le microcinéma depuis plusieurs années, ayant notamment été président d’honneur d’une soirée Kino VIP en 2005.

"Au fil des ans, raconte St-Pierre, il s’est créé une relation entre Denys Arcand et nous, ce qui fait que quand on lui a proposé notre activité de commentaire du réalisateur en direct, il a accepté tout de suite, et c’est lui qui a proposé Jésus de Montréal. Évidemment, pour ce genre d’exercice-là, il fallait que ce soit un film que tout le monde a vu, pour que les gens dans la salle puissent profiter du commentaire en connaissant déjà le film, parce que Denys Arcand va parler par-dessus!"

TOUT COURT

En vue de cette 2e édition, pas moins de 200 courts métrages ont été soumis aux RIMC, qui en ont sélectionné 14. Parmi eux, on retrouve notamment le joliment absurde L’Habit ou le moine, de Simon Olivier Fecteau, avec Isabelle Blais dans le rôle d’une femme qui aime les hommes en uniforme; le déroutant Revenir, de Francis Leclerc, avec Sylvain Marcel, Roy Dupuis et de superbes images en noir et blanc; Le film dont vous êtes le héros, de Michael Lalancette, un amusant exercice de style sur fond d’aventure interactive; le poétiquement sinistre La Maison que personne ne voit, de Jean Malek, avec un Stéphane K. Lefebvre comme on ne l’avait jamais vu; et le délirant Roastbeef, de François Bégin et Myriam Bouchard, dans lequel Louise Lecavalier se démène au rayon des viandes!

Jusqu’au 27 septembre
www.microcinema.ca