Respect Yourself: The Stax Records Story : R-E-S-P-E-C-T
Respect Yourself: The Stax Records Story, de Robert Gordon et Morgan Neville, raconte l’histoire du label mythique où ont fleuri Otis Redding, Sam & Dave et Isaac Hayes.
On associe généralement l’essor de la musique populaire afro-américaine lors de la deuxième moitié du vingtième siècle à Motown, non sans raison. Mais ce que cette maison de disques de Detroit a fait pour les musiciens noirs du nord des États-Unis, Stax l’a fait avec autant de passion pour ceux du sud.
À travers la voix du narrateur Samuel L. Jackson et les témoignages de nombreux intervenants, Respect Yourself: The Stax Records Story raconte la création et l’évolution de ce label auquel on réfère aussi en tant que "Soulsville U.S.A." (en contraste avec "Hitsville U.S.A.", le surnom attribué à Motown). Tout a commencé quasi accidentellement lorsque, au tournant des années 1960, Jim Stewart et Estelle Axton, tous deux blancs, ont transformé une ancienne salle de cinéma en un studio d’enregistrement, où ils prévoyaient endisquer des chanteurs country. Le bâtiment se trouvant dans un quartier noir de Memphis, Stax Records a toutefois bien vite vu une foule de musiciens r&b, soul et funk des environs venir cogner à sa porte, et le reste fait partie de l’Histoire.
Otis Redding, Booker T. & the MGs, Rufus et Carla Thomas, Sam & Dave, Eddie Floyd, The Staple Singers et Isaac Hayes sont seulement quelques-uns des artistes extraordinaires qui ont fleuri chez Stax au fil des ans, et ce documentaire réalisé par Robert Gordon et Morgan Neville dépeint finement le contexte dans lequel le label s’est développé. N’oublions pas qu’à l’époque, la ségrégation régnait encore à Memphis, et il était inhabituel de voir des Noirs et des Blancs travailler ensemble comme c’était le cas entre les murs de Stax Records. Le film montre par ailleurs comment le succès grandissant des musiciens afro-américains faisait écho à la montée du mouvement des droits civiques.
Plutôt classique dans la forme, enlignant entrevues et images d’archives de façon convenue, Respect Yourself: The Stax Records Story demeure fascinant de par son sujet et aussi pour les fantastiques prestations musicales qu’on y retrouve. Stax Records a peut-être déclaré faillite en 1975, ayant notamment été affaibli financièrement par la mort de sa plus grande star (Otis Redding, dans un écrasement d’avion en 1967) et la perte des droits de son catalogue aux mains d’Atlantic Records, mais la musique qui y a été créée est immortelle.
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