The Descendant : La mémoire dans la peau
Cinéma

The Descendant : La mémoire dans la peau

The Descendant, premier long métrage du Montréalais Philippe Spurrell, déterre quelques étonnants secrets peu glorieux de notre passé.

C’est en 2002, après avoir vu un reportage sur des événements honteux et peu abordés dans nos manuels d’histoire, que Philippe Spurrell a l’idée de revisiter notre passé. Qu’est-ce qui animait donc le fondateur du Cinéclub de Montréal? "C’était le désir urgent de faire part de ce morceau d’histoire très méconnu et caché, explique-t-il. C’est ce qui m’a motivé à continuer, surtout pendant les moments les plus difficiles de la production qui a duré trois ans."

Tourné dans la région de Lacolle, ce récipiendaire du Meilleur long métrage au Philadelphia International Film Festival était d’abord destiné à être un court métrage: "Je suis coupable d’avoir voulu compresser une idée de long métrage dans un format court. À la dernière journée de tournage, j’ai réalisé que je devais poursuivre et en faire un long. Les membres de mon équipe m’ont convaincu que je possédais quelque chose qui méritait un traitement à "grande échelle"."

Autre fait à noter, alors que plusieurs réalisateurs indépendants se tournent vers le numérique, Spurrell a opté pour le 35 mm: "Étant moi-même un collectionneur de films 16 mm et 35 mm et ayant des archives substantielles dans ces formats, je me considère comme un puriste. En fait, grâce à une aide du secteur privé, cela m’a coûté moins cher de tourner en 35 mm qu’en HD ultimement."

Enfin, bien qu’il bénéficie des effets spéciaux de CJ Goldman (Dawn of the Dead, Silent Hill), The Descendant ne mise pourtant pas sur les effets choc gratuits: "Avant même de commencer l’écriture du scénario, je voulais me lancer le défi de faire un film sans nudité, sans langage grossier et sans violence gratuite. En fin de compte, je crois que c’est ce qui fait que le film se démarque. Est-ce un drame familial? Un film d’horreur atmosphérique? Je laisse au spectateur de décider", conclut le réalisateur dont le prochain film, en développement avec Philippe Chabot et David LaHaye de chez Aviva communications et dont le scénario est financé par la SODEC, s’annonce "sex, drugs & rock n’roll".

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The Wicker Man de Robert Hardy, The Brotherhood of Satan de Bernard McEveety, The Innocents de Jack Clayton

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THE DESCENDANT

Un an après la mort de sa mère, un jeune homme (Tadhg MacMahon) renoue avec ses grands-parents (Jim Reid et Ilona Garcen) qui lui cachent de troublants secrets de famille. Coécrit avec Joel A. Miller, The Descendant de Philippe Spurrell compense en imagination et en talent un budget limité.

Reposant sur une subtile création d’atmosphère et une intrigue captivante qui se dévoile graduellement jusqu’à une finale que peu devineront, The Descendant séduit par sa photographie soignée (Lorenzo Negri et Ivan Gekoff), laquelle met en valeur le cadre campagnard de l’action, de même que par la trame sonore tout en finesse de David Kristian.

On regrettera toutefois le jeu des acteurs se révélant tantôt figé, tantôt forcé (hormis Rose Ryan dans le rôle de la villageoise avenante), ainsi que le montage d’Éric Lavoie qui manque par moments de fluidité.