Paris : Chacun cherche son ça
Cinéma

Paris : Chacun cherche son ça

Dans Paris, Cédric Klapisch étend la Ville lumière sur son divan de psy.

À ce qu’il paraît, Paris ne va pas très, très bien. Angoisse, racisme, solitude, deuil, désamour et indifférence plombent le quotidien des habitants de la Ville lumière. Personne n’en mourra, remarquez. Quoique… Pierre (Romain Duris), pris du coeur, pourrait y passer dans pas long. Il en est conscient et, du coup, s’accroche à ce qui l’entoure. Sa grande soeur Élise (Juliette Binoche), assistante sociale de son métier, arrive à la rescousse. Mais elle non plus n’a pas la pêche. C’est ce que lui fait remarquer le fruitier du quartier, Jean (Albert Dupontel). Qui, lui, a le caquet bas depuis sa séparation d’avec Caro (Julie Ferrier). Caro qui… enfin, vous voyez le topo. Cette chaîne humaine touchera une vingtaine d’autres personnages, dont les destins se croiseront et se décroiseront par hasard.

L’étude longitudinale menée par Cédric Klapisch (L’Auberge espagnole) met en scène des sujets constituant un échantillon se voulant représentatif. Blacks, Blancs et beurs, aisés et précaires, jeunes et moins jeunes… quelqu’un manque-t-il à l’appel? Or, pour le bénéfice de la recherche, il aurait fallu contingenter et mieux fouiller le profil de chaque élément. L’empathie témoignée envers ces personnages down en quête de hauteur est réelle, mais le temps consacré à certains est déficitaire. De plus, aux maux observés, le réalisateur propose de ces cures qui tiennent souvent de la pensée magique, ou du fantasme, on ne sait trop ce qui est pire. Enfin, au bout d’un moment, on se demande si on n’est pas débarqué chez Lelouch (pardonnez-nous le gros mot).

Dans ce film densément peuplé, le premier rôle est assuré par Paris, qui bombe le torse, roule des mécaniques, révèle son petit côté canaille. Cédric Klapisch a voulu montrer la ville sous un autre jour. Or, le cinéaste y revient en touriste nostalgique. N’y ayant pas tourné depuis un moment, il nous fait une très belle photo, classique, mais estampillée carte postale à l’"insu de son plein gré".

Mais bon, tout cliché contient une part de vérité, veut le… cliché. Et l’instantané parisien de Klapisch, malgré ses imperfections, s’approche peut-être plus près du réel qu’on voudrait se l’avouer.

À voir si vous aimez /
Chacun cherche son chat et L’Auberge espagnole de Cédric Klapisch, le film choral façon Claude Lelouch