Gonzo: The Life and Work of Dr. Hunter S. Thompson : Peur et dégoût en Amérique
Cinéma

Gonzo: The Life and Work of Dr. Hunter S. Thompson : Peur et dégoût en Amérique

Gonzo: The Life and Work of Dr. Hunter S. Thompson, d’Alex Gibney, relate les moments marquants de la carrière de l’auteur de Fear and Loathing in Las Vegas.

Loin d’aspirer à la sacro-sainte objectivité, le journalisme gonzo embrasse les digressions et les élucubrations, le reporter allant jusqu’à se mettre lui-même en scène dans ses articles. Cette forme d’écriture fut perfectionnée par le défunt Hunter S. Thompson, sujet de ce documentaire d’Alex Gibney (Taxi to the Dark Side) où s’entremêlent la vie, l’oeuvre et l’époque à laquelle a vécu l’écrivain.

Thompson a été un témoin privilégié de l’explosion de la contre-culture aux États-Unis dans les années 1960, une période qui n’a peut-être jamais été aussi bien cristallisée qu’à travers ses écrits tour à tour cyniques et idéalistes, amusés et enragés, visionnaires et hallucinatoires. Gonzo: The Life and Work of Dr. Hunter S. Thompson illustre bien le tout, relatant tous les moments marquants de la carrière de ce journaliste atypique: l’année qu’il a passée à suivre les Hells Angels, son fameux périple à Las Vegas à la recherche de l’illusoire rêve américain, sa couverture de la campagne de George McGovern lors des élections présidentielles de 1972…

Le film passe ensuite rapidement à travers le reste de sa vie, un choix heureux car, bien que Thompson ait toujours eu des tendances autodestructrices, il s’est alors encore plus laissé emporter par son obsession pour l’alcool, les drogues et les armes à feu. Devenu aussi caricatural que l’oncle Duke, le personnage de la bande dessinée Doonesbury qu’il a inspiré, le père du journalisme gonzo n’a plus que rarement été sous les feux des projecteurs pendant les années menant à son suicide, en 2005.

Incluant des interventions de Ralph Steadman, dont les illustrations sont indissociables de l’oeuvre de Thompson; de ses épouses successives; de Jann Wenner, son éditeur chez Rolling Stone, magazine où il a longtemps sévi; ainsi que de politiciens tels que Jimmy Carter, Pat Buchanan et George McGovern, le documentaire de Gibney fait par ailleurs appel à un grand nombre d’images d’archives, agencées de façon évocatrice par le cinéaste. Moins convaincantes sont les quelques reconstitutions dramatiques et la trame sonore composée presque uniquement de clichés musicaux des années 1960.

Au final, la grande force de Gonzo réside dans les livres et articles de Thompson eux-mêmes, dont Johnny Depp, l’interprète de l’auteur dans Fear and Loathing in Las Vegas, lit de nombreux passages à travers le film.

À voir si vous aimez /
Fear and Loathing in Las Vegas de Terry Gilliam, Where the Buffalo Roam d’Art Linson, Breakfast with Hunter de Wayne Ewing