Battle in Seattle : Cinq jours en automne
Cinéma

Battle in Seattle : Cinq jours en automne

Battle in Seattle, de Stuart Townsend, relate les cinq jours de manifestations durant la conférence de l’OMC en 1999.

Comme bon nombre d’entre nous, Stuart Townsend était confortablement assis devant la télé lorsqu’il a vu les images des saccages qu’ont provoqués les manifestations antimondialistes pacifistes, auxquelles se sont mêlés quelques anarchistes, lors de la troisième conférence de l’Organisation mondiale du commerce. Ce n’est pourtant qu’en lisant Take it Personally d’Anita Roddick, lequel rend compte des événements, que l’acteur dublinois a trouvé l’idée de Battle in Seattle.

Rencontré au Festival de Toronto en 2007, Townsend se souvient: "Je voulais réaliser un film depuis longtemps, mais je cherchais un projet qui aurait un sens profond tout en étant divertissant. J’ai donc passé un an à faire des recherches pour ce projet. Ça me paraissait aller de soi que mon premier film raconte une histoire de résistance puisque j’ai grandi dans le tumulte de l’Irlande du Nord. Nous avons subi huit siècles de colonisation; il est évident que ça laisse des traces. Je pense avoir en moi la graine de la révolte et il y a quelque chose de visuel dans l’émeute qui me touche profondément."

Afin de raconter ces cinq jours où la lutte antimondialiste fit sa première apparition médiatique majeure, Townsend a choisi la formule chorale. Le récit, divisé en cinq parties, alterne les points de vue des manifestants pacifistes (Martin Henderson, Michelle Rodriguez, Andre Benjamin), d’un policier (Woody Harrelson), de sa femme enceinte de cinq mois (Charlize Theron), du maire de Seattle (Ray Liotta), d’une journaliste (Connie Nielsen), etc.

"Chaque jour, un personnage est développé, explique-t-il. C’est un film construit sur les personnages, qui sont ni blancs ni noirs; le sommet et l’agitation qui en découle deviennent en quelque sorte le décor. En regardant mon film, les spectateurs peuvent s’identifier à un ou deux personnages."

Tourné en super 16 en grande partie à Vancouver, Battle in Seattle rapporte des faits réels, mais le réalisateur-scénariste, qui a intercalé des images d’archives pour soutenir son propos, souligne que les personnages sont fictifs. Townsend conclut: "Les médias américains et internationaux ont mis l’accent sur les dégâts et minimisé les revendications des militants. Je ne cherche pas à justifier la violence, mais plutôt à l’humaniser. Je ne suis pas naïf au point de croire qu’un film peut changer le monde, mais je sais que des films ont changé ma vie, alors j’espère que Battle in Seattle donnera aux spectateurs l’envie d’agir."

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BATTLE IN SEATTLE

L’idée de revenir sur les débuts médiatiques de la lutte antimondialiste lors du sommet de Seattle en 1999 est certes noble, malheureusement, Stuart Townsend livre un film choral bien en-dessous de ses ambitions.

Bien que sincère, l’entreprise du partenaire à la ville de Charlize Theron, efficace comme tout le reste de la distribution aux prises avec des personnages monolithiques, se révèle lourdement didactique et manichéen.

Si l’on sent dans le premier tiers, porté par un montage serré et nerveux, toute l’urgence et la fébrilité de la situation, Battle in Seattle perd peu à peu de son souffle jusqu’à souffrir d’un rythme hésitant doublé d’une structure narrative par moments laborieuse. On ne le dira jamais assez, mais n’est par Robert Altman qui veut…