W. : L'idiot
Cinéma

W. : L’idiot

W., d’Oliver Stone, met en vedette Josh Brolin dans le rôle du 43e Président des États-Unis.

Avec ce nouveau film consacré à un président américain, on ne s’attendait pas à ce qu’Oliver Stone nous livre un autre portrait opératique à la Nixon. Bien que George W. Bush soit autant vilipendé qu’a pu l’être Richard Nixon, ce dernier avait des tourments et des obsessions beaucoup plus dramatiques, alors qu’on a souvent l’impression que Bush junior n’est qu’un fainéant, une marionnette, un bouffon… Bref, un idiot.

Tel qu’interprété par Josh Brolin, qui disparaît complètement dans le rôle, le Président semble perdu dans sa propre Maison-Blanche, entouré de conseillers qui sont clairement plus intelligents que lui et qui profitent de sa quasiment attendrissante naïveté pour tenter de le manipuler. Ceci peut être plutôt amusant mais, le film se déroulant principalement pendant les mois précédant l’invasion de l’Irak en 2003, alors que l’entourage de Bush tente par tous les moyens de trouver un prétexte pour enclencher cette opération militaire, on se demande souvent si on doit en rire ou en pleurer.

W. comporte par ailleurs de nombreux flashbacks dépeignant comment une tête brûlée n’étant intéressée que par le baseball en est venue à occuper le poste le plus prestigieux des États-Unis. Prenant alors la forme d’un biopic traditionnel, le film chronique les problèmes d’alcoolisme de Bush, la rencontre avec sa future épouse Laura (Elizabeth Banks), ses difficultés à conserver un emploi, comment il est devenu un born-again Christian

L’élément le plus engageant du récit est probablement la relation entre "Dubya" et son père, George Bush senior (James Cromwell). Dans une dynamique qui n’est pas sans rappeler celle entre Michael Corleone et Don Vito dans The Godfather, le fils n’a fondamentalement aucun désir de suivre les traces de son père, mais est paradoxalement tenaillé par la volonté de faire honneur à sa famille.

Malgré une surabondance d’exposition narrative, un manque de constance au niveau du ton et une réalisation plus conventionnelle que ce à quoi Stone nous a habitués, W. vaut néanmoins le détour, si ce n’est que pour l’impeccable distribution qui, outre Cromwell, Banks et l’extraordinaire Brolin, inclut aussi Richard Dreyfuss en Dick Cheney, Toby Jones en Karl Rove, Thandie Newton en Condoleeza Rice, Scott Glenn en Donald Rumsfeld et Jeffrey Wright en Colin Powell.

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