À l'ouest de Pluton : Génération D.I.Y.
Cinéma

À l’ouest de Pluton : Génération D.I.Y.

À l’ouest de Pluton, de Henry Bernadet et Myriam Verreault, est une oeuvre autofinancée abordant sans fard l’adolescence.

Lancé la semaine dernière au Festival du nouveau cinéma, À l’ouest de Pluton est le plus récent exemple de jeunes cinéastes québécois ayant décidé de s’autofinancer plutôt que d’attendre les subventions. Avec 15 000 dollars de leur propre argent et une approche très do-it-yourself, Henry Bernadet et Myriam Verreault ont mis quatre ans à mener à terme ce projet, eux qui n’avaient pratiquement fait que des courts métrages et des Kino auparavant.

Se déroulant à Loretteville, en banlieue de Québec, où les deux réalisateurs ont grandi, À l’ouest de Pluton s’attache aux destins de divers adolescents et adolescentes alors qu’ils passent une journée à l’école, soupent en famille, puis se retrouvent chez l’une d’entre eux pour un party qui va quelque peu dégénérer…

Le déroulement des événements semble souvent spontané, ce qui est dû en partie à la façon dont le film a été conçu. "On a écrit le scénario après avoir tourné! ironise Bernadet. En fait, le canevas était là, on avait notre histoire… Mais pour le détail des scènes, ça se faisait pas mal au fur et à mesure."

"C’était un work in progress, poursuit Verreault. L’histoire a même continué d’évoluer au montage; elle n’a jamais été fixe. Ce qu’on a surtout travaillé avant le tournage, ce sont les personnages. On a fait des ateliers d’improvisation pendant plusieurs mois avec ces jeunes comédiens-là, on a appris à les connaître, et on a construit les personnages à partir de leurs personnalités."

Tenant à travailler avec de véritables adolescents, les cinéastes voulaient par ailleurs les laisser s’exprimer à leur façon le plus possible plutôt que de leur imposer des dialogues. "On voulait faire quelque chose d’hyperréaliste avec ces jeunes-là, explique Bernadet, pas prendre des comédiens plus vieux qui allaient jouer dans notre film déjà écrit, sur un thème précis. C’était une rencontre entre notre imaginaire de cinéastes et leur réalité à eux."

Et Pluton dans tout ça? "C’est une planète à l’identité floue, trouble… C’est sûr qu’il y a des liens à faire avec l’adolescence. Puis ça nous permettait d’explorer un côté plus existentiel des personnages, de mettre leur quotidien en perspective avec quelque chose de beaucoup plus grand", conclut Bernadet.

À voir si vous aimez /
Dazed and Confused de Richard Linklater, Kids de Larry Clark

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À L’OUEST DE PLUTON

Le jeu des comparaisons est souvent réducteur, mais dans le cas qui nous concerne, il est difficile de ne pas prendre en considération Tout est parfait qui, plus tôt en 2008, brossait un portrait semblable de la jeunesse québécoise. Ce premier long métrage de Henry Bernadet et Myriam Verreault ne possède toutefois pas toute la profondeur, le lyrisme et le sens du cinéma du film d’Yves Christian Fournier. Ceci étant dit, cette petite production techniquement rudimentaire s’avère néanmoins sympathique, notamment grâce à ses acteurs non professionnels mais très naturels. Se rapprochant finalement peut-être moins de Tout est parfait que d’un Dazed and Confused en moins marrant ou d’un Kids en moins scabreux, À l’ouest de Pluton ne nous apprend rien de bien neuf sur l’adolescence, mais l’évocation qu’en font Bernadet et Verreault demeure juste et engageante.