Happy-Go-Lucky : Le sourire
Dans Happy-Go-Lucky, de Mike Leigh, Sally Hawkins interprète une jeune femme à la joie de vivre contagieuse.
Après le bouleversant Vera Drake, le cinéaste britannique Mike Leigh s’offre une récréation avec ce film autrement plus léger à propos d’une jeune femme définie d’abord et avant tout par sa bonne humeur perpétuelle. Si la protagoniste de Vera Drake était elle aussi de disposition agréable, le fait qu’elle pratique des avortements clandestins dans l’Angleterre des années 1950 assombrissait considérablement le film, et la tournure des événements finissait par faire disparaître le sourire bienveillant du personnage d’Imelda Staunton.
Considérant cela, pendant presque toute la durée de Happy-Go-Lucky, on s’interroge à savoir si l’éternellement rayonnante Poppy (Sally Hawkins) cache elle aussi quelque chose ou si un drame surviendra et aura raison de son imperturbable optimisme. Que nenni! Qu’on lui vole son vélo, qu’elle se déboîte le dos ou qu’on l’engueule, Poppy ne perd jamais sa joie de vivre pour plus d’un instant.
Ceci donne lieu à un film agréable, quoique mince au possible. Le scénario, que Mike Leigh a écrit, comme à son habitude, à la suite d’une série de séances d’improvisation avec ses acteurs où ils développent ensemble ce qui deviendra leurs personnages, ne possède pas de véritable trame narrative. Pendant deux heures, on observe Poppy alors qu’elle prend un verre avec sa coloc (Alexis Zegerman) et sa soeur (Kate O’Flynn), enseigne à sa classe dans une école primaire, fait du trampoline, suit des cours de conduite automobile avec un instructeur grognon (Eddie Marsan), prend des leçons de flamenco, flirte avec un travailleur social (Samuel Roukin)…
Tout cela aurait facilement pu être d’un ennui mortel, mais le bonheur contagieux de Poppy, telle qu’incarnée par Sally Hawkins, qui a remporté le prix de la meilleure actrice pour ce rôle lors de la dernière Berlinale, parvient à retenir notre intérêt. Au final, Happy-Go-Lucky rappelle curieusement Smiley Face… sauf que, contrairement à Anna Faris, dont le personnage était complètement défoncé pendant tout le film de Gregg Araki, la candeur de Poppy est toute naturelle.
À voir si vous aimez /
Il est plus facile pour un chameau… de Valeria Bruni Tedeschi, Smiley Face de Gregg Araki