La Cité de l’ombre : Et la lumière fut
La Cité de l’ombre, de Gil Kenan, nous entraîne dans une ville souterraine sur le déclin.
Enfant de l’ère atomique, Jeanne Duprau a vécu dans la crainte que le ciel lui tombe sur la tête. Au grand bonheur des jeunes lecteurs, l’écrivaine californienne a traduit ses peurs enfantines dans un roman paru en 2003 et devenu best-seller, La Cité de l’ombre. Pour transposer à l’écran cet univers futuriste post-apocalyptique, c’est au cinéaste d’animation Gil Kenan (Monster House) que les producteurs, dont l’acteur Tom Hanks, firent appel.
Durant quelque 200 ans, les habitants de la Cité de l’ombre, ville construite sous terre peu avant que la Terre fut dévastée, ont vécu heureux sous la lumière brillante produite par une génératrice vénérée comme une déesse. Or, depuis peu, les lumières clignotent de plus en plus souvent et menacent de s’éteindre à jamais. Seule une mystérieuse boîte découverte par la messagère Lina (vive Saoirse Ronan, la petite garce d’Atonement) pourrait permettre à tous de s’échapper de la ville en ruine. Secondée par Doon (Hardy Treadaway, convaincant), fils d’un inventeur rêvant d’un monde meilleur (Tim Robbins, un peu terne) et bras droit d’un plombier narcoleptique (Martin Landau, sur le pilote automatique), l’adolescente tentera de convaincre le vil maire (Bill Murray, cabotin fatigué) de leur prêter main forte.
Complice de Tim Burton, la scénariste Caroline Thompson (Edward Scissorhands, Corpse Bride, etc.) semble avoir été peu inspirée par le récit de Duprau. Ainsi, bien que fonctionnel, son scénario souffre par moments d’un rythme défaillant et ce, malgré l’urgence de la situation dans laquelle sont plongés les jeunes héros. S’il a été incapable de tirer le meilleur de ses acteurs adultes (par paresse ou maladresse, allez savoir), le réalisateur a rassemblé tous les éléments gagnants pour créer un monde tout aussi glauque qu’enchanteur.
Avec ses édifices vétustes, ses machines imposantes, ses inventions hétéroclites et ses vêtements rapiécés, La Cité de l’ombre rappelle l’univers des Jeunet et Caro où se mêlent savamment éléments anciens et futuristes. Si l’ensemble séduit par sa direction artistique irréprochable, le jeune spectateur, qui s’émerveillera devant chaque étrangeté que recèle le moindre sombre racoin, risque pourtant de trouver l’aventure peu palpitante.
À voir si vous aimez /
La Cité de l’ombre de Jeanne Duprau, La Cité des enfants perdus de Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro, Children of Men d’Alfonso Cuaron