Real Time : Une heure sur terre
Dans Real Time, de Randall Cole, Randy Quaid joue un tueur qui laisse une heure à vivre à Jay Baruchel.
Le concept de raconter une histoire en "temps réel" est régulièrement exploité au cinéma et à la télévision. On n’a qu’à penser au film noir The Set-Up, au western High Noon, aux thrillers Nick of Time, Phone Booth et 88 Minutes ou, bien sûr, à la série 24. Le cinéaste canadien Randall Cole (19 Months) s’y essaie à son tour dans Real Time, avec plus ou moins de succès.
Alors qu’il s’apprête une fois de plus à aller flamber aux courses le peu d’argent qu’il a en sa possession, Andy (le Montréalais Jay Baruchel), un joueur compulsif ayant déjà accumulé 68 000 dollars de dettes auprès d’un bookie du coin, se fait accoster par Reuban (Randy Quaid avec un accent australien), un tueur qui a été envoyé pour l’exécuter. Ce dernier décide toutefois de laisser une heure de sursis au jeune homme, lui offrant même de lui servir de chauffeur afin qu’il puisse aller faire ce que bon lui semble avant de quitter ce monde.
Éternel raté aux ambitions minables, Andy ne trouve toutefois pas mieux que d’entraîner Reuban à la recherche d’une pute qui ressemblerait à Rosie Perez ou d’aller engueuler le gérant adjoint d’une rôtisserie où il a déjà travaillé. Seule une visite chez sa grand-mère suggère un désir de rédemption louable, mais là encore, les intentions d’Andy s’avèrent douteuses. De là naissent l’humour et le pathos du film, mais aussi un certain agacement, le manque d’urgence démontré par Andy faisant en sorte qu’on oublie pratiquement l’ultimatum qui pèse sur lui et que le fait que le récit se déroule en temps réel devienne négligeable.
Au final, la majeure partie de Real Time est consacrée à une série de conversations entre Andy et Reuban, où ils abordent à la fois des sujets anecdotiques et des questions existentielles. Les dialogues de Randall Cole, sans être aussi incisifs que ceux d’un David Mamet ou d’un Quentin Tarantino, sont plutôt distrayants. Le casting inspiré des deux protagonistes contribue aussi par ailleurs à retenir relativement notre intérêt, Jay Baruchel et Randy Quaid formant un duo joliment contrasté, l’un étant freluquet et perpétuellement anxieux alors que l’autre est costaud et apparemment imperturbable. Dommage qu’ils ne se retrouvent pas dans un film plus enlevant…
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